lundi 6 avril 2015

Eloge de la philosophie

Je viens de terminer l'ouvrage de Marcel Conche, "Le sens de la philosophie", publié chez Encre Marine en 2003. Depuis que j'assiste à un cours de philosophie le mercredi matin, donné par Daniel Caffiers, (le même professeur qui donne au Relais du Covet des cours de littérature et d'histoire ancienne), la compréhension des textes philosophiques me semble un peu moins intimidante que par le passé. Il faut peut-être un peu d'audace ou d'inconscience pour se lancer dans une lecture plus ambitieuse qu'à l'habitude. Marcel Conche évoque donc dans son ouvrage très accessible une définition de la philosophie qu'il nomme une école de vérité et du questionnement sans vouloir trouver la réponse ou les réponses. Les trois textes proviennent de conférences et elles sont écrites avec une simplicité et une limpidité remarquables. Même sans une grande culture spécialisée dans ce domaine, les nombreuses citations de philosophes n'intimident pas le lecteur occasionnel. Marcel Conche cite un grand nombre de ses confrères : Montaigne, Descartes, Hegel, Heidegger, Kant mais il a un amour inconditionnel pour les Grecs, surtout Platon, Aristote, Parménide, Epicure. Pour tous ces penseurs, vivre ne peut que rimer avec philosopher, "Ce qui est normal pour l'homme, c'est de ne pas vivre sans philosopher". Il ne faut pas essayer de comprendre d'emblée la pensée profonde de l'auteur mais d'apprécier quelques phrases fortes et belles sur le temps qui passe, la vie et la mort, l'amour et le désamour. Tous les philosophes cités peuvent apporter des bribes de réponses aux questions lancinantes, que l'homme (et la femme !)  se posent sans le secours des religions consolantes ou des systèmes dogmatiques. Pour conclure ce billet-éloge de Marcel Conche, je cite ce passage : "Abstraction faite de l'expérience religieuse, (...) l'homme est seul. Il n'est personne pour écouter ses questions et sa plainte. La "lumière naturelle" lui sert surtout à ressortir, de tous côtés, des ombres. Il lui reste, ayant laissé le sacré sur sa route, à assumer sa solitude, et c'est cela, philosopher." Le philosophe dresse, dans la troisième conférence, un portrait attachant du plus grand des philosophes à ses yeux : Socrate... Cet essai est une porte d'entrée, vraiment ouverte, sur la culture philosophique, et même si certains passages sont plus difficiles à comprendre, Marcel Conche accompagne le lecteur avec une empathie manifeste pour le rassurer et l'encourager à poursuivre la lecture...