lundi 21 janvier 2019

Rubrique cinéma

Comme j'aime la littérature, je me précipite dans les salles de cinéma qui diffusent des films inspirés par les écrivains. J'ai donc vu "Colette" du réalisateur britannique Wash Westmoreland. Evidemment, je l'ai vu en version originale et cet effet sonore m'a un peu dérangée. Imaginer notre héroïne en langue anglaise est un peu surprenant et déroutant. Keira Knightley incarne magnifiquement notre écrivaine nationale. Le biopic raconte les débuts de sa carrière dans les lettres quand elle rencontre l'écrivain Willy, pseudonyme de Henry Gauthier-Villars. Elle se marie avec cet homme plus âgé qu'elle pour quitter ses parents et sa campagne bourguignonne. Son mari utilise les talents de jeunes auteurs et ne se gêne pas pour signer les écrits de Colette. Ce macho cynique superbement antipathique gruge cette pauvre jeune femme sans remords. A cette époque, les femmes n'occupaient pas une place privilégiée dans le monde de l'édition et la société ultra patriarcale ne supportait aucune exception. Le film aborde ce problème et à la même époque, ma chère Virginia Woolf dénonçait la mise sous tutelle des femmes dans son œuvre "Une chambre à soi". Pour écrire, il faut être libre et Colette va conquérir au fil des images sa liberté d'écrivain. Quand elle compose les quatre tomes des "Claudine", les textes sont signés de Willy. Le succès immédiat et populaire de "Claudine à l'école" éclate dans cette société corsetée comme les femmes de l'époque. Le film montre bien l'engouement du public pour "Claudine" qui provoque un certain scandale. Colette ose évoquer l'amitié amoureuse entre filles… Son mari, toujours aussi séducteur compulsif, la trompe et l'exploite sans vergogne. Mais, la vie va changer pour elle. La jeune femme rencontre un mime qui l'influence pour monter sur les planches (1906 à 1912) avec une amie, Missy, avec laquelle elle entame une relation amoureuse. Elle s'émancipera de son mari et signera de son nom, sa nouvelle œuvre, "La Vagabonde". Le film évoque la période de sa jeunesse et surtout de sa libération quasi féministe, une attitude avant-gardiste pour cette époque. Le film n'est pas un chef d'œuvre absolu, mais se laisse regarder avec plaisir. Comment ne pas succomber au charme de cette femme rebelle, bisexuelle, à l'accent rocailleux dans un milieu parisien d'un snobisme ridicule ? Colette, une des plus grandes écrivaines françaises, n'a pas inspiré nos réalisateurs(trices) français et il a fallu attendre les Anglais pour lui rendre hommage… Quelle ingratitude pour nos créateurs(trices) ! Film un peu trop académique, mais soigné dans les décors, les costumes, les photos et surtout dans l'évocation de cette écrivaine de génie…