mardi 25 février 2020

Inquiétude virale

Tout le monde parle du "coronavirus", un mot difficile à prononcer et à comprendre. Je croise un voisin : il évoque le virus. Dans les familles, dans les réunions, dans les groupes, le virus vire au cauchemar. L'inquiétude se lit sur les visages et depuis que notre chère Italie est touchée, rien ne va plus. J'ai lu un grand article sur les épidémies et j'ai découvert l'effroyable peste de l'Antiquité au Moyen Age et surtout au XIVe siècle où la moitié de la population européenne a péri. La grippe espagnole a tué plus de cinquante millions de personnes en 1918. Devant cette pandémie mondiale, comment réagir ? Il faut choisir son état d'âme. Le pessimiste va commencer à paniquer, ne part plus en voyage de peur de rencontrer des touristes chinois très nombreux. Il a peur de ce virus comme de la peste en se disant que cet épée de Damoclès va lui tomber dessus, inévitablement. Il imagine des bactéries dangereuses, volantes et invisibles qui flottent dans l'air. Ces nuages toxiques "tchernobiliens" planent sur nos vies. J'ai entendu un médecin plutôt rassurant qui proclamait avec un sourire sardonique : "attraper ce drôle de virus est une loterie, certains s'en sortent très bien, d'autres périssent". Evidemment, le pessimiste va tout de suite penser qu'il y passera. Donc, il va se confiner chez lui, ne sort plus, ne va plus au stade, au cinéma, à la piscine, au supermarché. On peut aisément allonger la liste où tous les humains se regroupent. Une mort sociale annoncée et il a intérêt à faire des provisions de survie. Que dit l'optimiste ? Ce n'est rien, ce virus. La grippe tue des milliers de personne dans chaque pays et c'est ridicule de s'affoler. Les médias exagèrent, font preuve d'inconscience, veulent vendre leurs infos, nous intoxiquent avec ces alarmantes nouvelles, diffusent de la propagande, de la paranoïa pure et dure. Bref, l'optimiste n'y croit pas. Il ne renonce à rien et nie toute intrusion catastrophique dans son quotidien si bien huilé. Il part en Thaïlande, au Vietnam sans aucun problème. Il semblerait que cette saleté bactériologique proviendrait d'un pangolin, d'une chauve-souris ou d'un serpent, je déplore ce racisme animalier. Le monde du commerce s'alerte de l'arrêt des activités entre la Chine et le monde entier. Notre grande surface chinoise ferme un peu ses portes et on ne trouvera plus des baskets à dix euros… Le pessimiste prévoit une grave crise économique. Moins de touristes, moins d'activités industrielles, moins de sorties, de déplacements. Les arbres et la nature vont mieux respirer et les humains aussi. Et si ce virus avait aussi des conséquences positives ? Un peu moins de délocalisations, un peu de moins de consommation à outrance, un peu moins de smartphones, un peu moins d'objets inutiles, un peu moins d'avions dans le ciel : une respiration… On verra bien si le monde s'écroule dans les mois prochains, un effondrement prévisible. Maintenant, on se croirait dans une série américaine où 3% de la population mondiale survit à une contagion… En attendant, gardons la tête froide, conservons notre calme, choisissons l'optimisme. Le gouvernement nous protège. Il paraît que nos hôpitaux sont efficaces et compétents. En tout cas, si nous sommes obligés de rester chez soi, confinés, la lecture va faire un bond en avant et relisons avec un intérêt renouvelé le célèbre et prophétique roman de Camus, "la Peste"...