mardi 24 mars 2020

Patience et Courage

Comment vivre au mieux son confinement ? Il faut d'abord penser à tous ceux qui ont attrapé ce sale virus, les malades et les disparus, puis à tous nos soldats du front : soignants, policiers, gendarmes, routiers, employés, caissières, facteurs et factrices, et tant d'autres qui poursuivent leurs tâches utiles et indispensables avec la peur au ventre. Ils sont en danger permanent tous les jours, sans aucun masque, courageux, efficaces. Des fonctionnaires exemplaires, des travailleurs du privé exemplaires. Certains Français confinés vivent paraît-il un enfer. Et les médias s'inquiètent pour les couples en difficultés, les adolescents invivables, les enfants bruyants, les animaux domestiques, etc. Certains réussissent à faire du jogging (comment vivre sans courir ?), à sortir leur chien trois fois par jour, à acheter son pain une fois par jour, à se balader en grappe et certains inventent des virées nocturnes. C'est vrai que les familles désunies ne vont pas d'un coup de baguette magique vivre en harmonie. Les couples en crise divorceront plus tard quand les tribunaux fonctionneront de nouveau. Les enfants agités le seront encore plus sans sortir. Et tout le monde ne vit pas au rythme de la lecture, de la musique et de la curiosité intellectuelle. Oui, le confinement privé sera une épreuve difficile, une expérience humaine que connaissent déjà les grands malades. Alors, un des remèdes à l'ennui, à l'angoisse, c'est de penser aux autres et de s'oublier un peu. Pendant ces semaines de privation, chacun doit se retrouver face à soi-même et face à ses proches. Heureusement, les contacts existent encore avec le téléphone, le Skype. Les médias par internet et par le câble nous informent constamment sur l'avancée du virus dans la population. Des attitudes longtemps moquées dans notre société vont devenir à la mode : la lenteur, la sobriété, la solidarité, l'attention, la contemplation. Les lents prendront tout leur temps dans leur multitâches quotidiennes : du ménage aux repas, du rangement au bricolage et la journée est passée. Les sobres résisteront à la gourmandise consolatrice et à la prise de poids, une lutte psychologique valorisante. Les solidaires se proposeront pour faire les courses pour les anciens, un devoir citoyen. Les attentionnés téléphoneront tous les jours à leurs proches confinés, une rupture provisoire de la solitude. Les contemplatifs vont poursuivre leur recherche du bonheur dans les livres, la musique et la culture, un art de la bonne vie. Evidemment, je n'ai rien prévu pour les sportifs compulsifs, du yoga peut-être pour calmer leur nervosité. Je me sens impuissante devant les égoïstes désinvoltes, les complotistes, les imbéciles, les inconscients.  En ces temps de crise sanitaire, je citerai la parole de Camus, "Un homme, (une femme), ça s'empêche". Même quand les jambes ont envie de se détendre, restons à la maison. Même quand les bras ont envie d'enlacer, restons distant. Même quand on a hâte de revenir à notre cher mode de vivre,  restons patients. De la discipline, de l'éducation et de la solidarité, trois faces d'une morale dans ce "repli du temps". Patience pour les confinés et Courage pour les soldats du soin et de l'économie essentielle !