jeudi 7 septembre 2023

Il y a cent ans, naissait Georges Perros

 Comme j'écoute les podcasts littéraires sur France Culture, j'ai découvert une émission sur un écrivain français très peu connu et même oublié de nos jours. Il s'appelle Georges Perros et il représente un "OVNI" non identifié dans le panorama des lettres françaises. Pourtant, quel style ! Il se veut inclassable en composant des poèmes, des fragments, des correspondances, du théâtre et des essais. Je l'ai lu dès les années 80 et je conserve toutes ses œuvres dans ma bibliothèque.  Cet écrivain singulier et attachant se lit encore un peu et il faut découvrir ses "Papiers collés" en trois volumes, publiés chez Gallimard. Le Book Club (encore un anglicisme sur la radio nationale !) a reçu le chanteur Miossec et l'écrivain Thierry Gillyboeuf pour évoquer l'écrivain, né en 1923 et mort en 1978. Les deux invités ont évoqué la "Correspondance 1968-1978" avec Pierre Pachet et le recueil de poèmes, "J'habite près de mon silence". Le poète écrivain a entamé sa carrière dans l'art dramatique à la Comédie-Française et il travaille aux côtés de Gérard Philippe, Jean Vilar, Maria Casarès, Maurice Jarre. Il commence à publier en 1963 dans la Nouvelle Revue française et traduit Tchekhov et Strinberg. Georges Perros se lasse du milieu parisien et se refugie à Douarnenez dans le Finistère. Avec son épouse, Tania, ils auront trois enfants ensemble. En 1961, paraît le premier volume de "Papiers collés", des notes et des réflexions qu'il griffonne sur des bouts de papier et qu'ils retravaillent après. La littérature est à l'honneur dans ses écrits avec des évocations de Kafka, Rimbaud, Hölderlin, Kierkegaard. Comment qualifier sa démarche créatrice ? Il se met au service d'une langue à la fois "dense et dépouillée" sans utiliser un vocabulaire précieux. Cet écrivain se voulait modeste, "un journalier des pensées", proche des grands moralistes comme Chamfort, Joubert ou Cioran. Sa poésie remarquable, concise et précise se lit encore avec admiration, en particulier son recueil, "Une vie ordinaire", un roman poème où il exprime le sens du quotidien poétisé. Dans ses "Papiers collés", il écrit cet aphorisme : "La mémoire est comme le dessus d'une cheminée. Pleine de bibelots qu'il sied de ne pas casser, mais qu'on ne voit plus". Humour, ironie, simplicité, culture littéraire, lucidité, Georges Perros est aussi un grand ami d'écrivains avec lesquels il correspondait comme Michel Butor, Jean Grenier, Jean Roudaut, Anne Philippe. Il est mort d'un cancer du larynx dans un hôpital parisien et il était contraint au silence après une opération des cordes vocales. Je me rendrais un jour prochain à Douarnenez pour découvrir sa ville et me recueillir sur sa tombe pour lui rendre hommage. J'aime ses "discrets" de la littérature française, des cachottiers qui nous susurrent des vérités douces et amères toujours teintées de mélancolie et d'une certaine tendresse pudique.