mardi 28 juin 2022

Atelier Littérature, 3

 Après les coups de cœur, nous avons abordé les ouvrages de la liste bibliographique. J'avais choisi la notion de lieu, d'espace à partir de l'œuvre prodigieuse de Georges Perec. Je regrettais d'avoir écarté le texte de l'écrivain oulipien, "Espèces d'espaces" car il n'est pas disponible en format poche. Geneviève a démarré avec "Dans la forêt" de Jean Hegland. Cette écrivaine américaine a subjugué notre lectrice toujours enthousiaste quand elle découvre une pépite littéraire. Ce premier roman, rédigé sous la forme d'un journal intime, raconte une "dystopie", c'est à dire, une histoire dans une société régie par un pouvoir totalitaire ou une idéologie mortifère. Et si tout s'arrêtait un jour ? Plus d'internet, d'électricité, de téléphone, de chauffage, de lave-linge, de supermarché, de médecin, etc. Deux jeunes sœurs se réfugient dans une forêt pour survivre et cette expérience radicale interroge le lien à la nature et à la culture. En dehors du monde dit "civilisé" et hautement technologique, comment survivre dans un environnement hostile et agressif ? Quelles sont les vraies valeurs ? Comment ses deux sœurs apprennent à affronter un réel invraisemblable ? Encore une bonne idée de lecture pour cet été même si le thème de la fin du monde n'est pas très "fun". Ce roman d'anticipation, selon Geneviève, provoque des interrogations d'une actualité frappante. Annette, Agnès et Véronique ont lu le même titre de la liste, "Vider les lieux" d'Olivier Rolin, publié chez Gallimard. Elles ont bien apprécié ce récit atypique, original et nostalgique. J'ai même entendu l'expression, "Un feu d'artifice". L'écrivain septuagénaire appartient à la "communauté des lecteurs" qui ne peuvent pas vivre dans un appartement sans livres. Les murs sont habillés de bibliothèques, chargées de mémoire. Et quand un propriétaire oblige un locataire de "décamper" pour récupérer son bien afin de le vendre à prix d'or dans le quartier huppé de Saint-Germain-des-Prés, l'opération du déménagement s'avère très douloureuse. Il faut vider son lieu de vie, une vie vouée à l'écriture et à la lecture. Ce récit autobiographique évoque les livres adorés, les voyages, la vie du quartier, ses voisins pittoresques, Agnès a découvert un écrivain d'une érudition éclatante et parfois, elle prenait un dictionnaire pour identifier les lieux dont le narrateur décrit ou les personnages historiques qu'il mentionne. Cet ouvrage attachant se veut aussi un hommage à la culture, à la curiosité et aux livres, parfois vécus comme des partenaires encombrants qu'il faut abandonner contre son gré. A lire cet été et pratiquer ensuite l'activité mémorielle d'Olivier Rolin quand il saisit un ouvrage dans sa bibliothèque et le feuillette avec une amitié admirative.