mardi 27 novembre 2012

Rubrique cinéma

J'aime bien les adaptations des classiques au cinéma et j'ai donc vu le "Thérèse Desqueyroux" de Claude Miller. J'ai lu Mauriac dans ma prime jeunesse  et je suppose qu'aujourd'hui, François Mauriac fait partie de la catégorie des "Grands Oubliés" de la littérature française. Claude Miller, disparu après le film, nous propose une version très fidèle du roman. J'ai retrouvé l'atmosphère étouffante des familles bourgeoises et chrétiennes des années 20 dans les Landes. Thérèse se marie avec un homme propriétaire de pins comme elle, et ce mariage arrangé par leurs deux familles va se défaire au fil du temps. Le mari de Thérèse est un homme simple, mieux, simpliste. Il ne se pose pas de questions, suit à la lettre les traditions genre "chasse-pêche-nature", ne comprend pas sa femme qui demeure, pour lui, un mystère. Cette confrontation entre Thérèse et son mari est filmée avec une lenteur pesante qui rend bien cette ambiance feutrée des familles où le silence est roi et la vie individuelle, un mirage. Thérèse s'ennuie, s'ennuie à mourir dans cette province traditionnelle et patriarcale. Cette Madame Bovary sans amant va commettre un acte "libérateur" en empoisonnant... son mari. Mais, il va s'en sortir et punira Thérèse en l'écartant de leur enfant et en la confinant dans sa chambre. Il faut avant tout préserver les apparences et le quand-dira-t-on au village. Elle sombre dans la dépression, mène une vie de recluse, pense au suicide. Son mari rancunier la prend quand même en pitié et lui rendra enfin sa liberté... Ce film est un beau portrait de femme des années 20 mais je dirai même d'aujourd'hui dans nombre de contrées lointaines ou proches. Claude Miller et François Mauriac, "féministes" convaincus, méritent notre estime et le public peut donc découvrir le charme déroutant d'Audrey Toutou, les beaux paysages landais, et le parcours douloureusement chaotique de Thérèse vers la liberté... Et je vais relire ce chef d'oeuvre de Mauriac.