vendredi 17 février 2012

Mon stylo rouge

Mylène, notre animatrice de l'atelier d'écriture, nous a demandé de composer le journal intime d'un objet. Elle nous a lu un texte d'Hervé Le Tellier sur un gant de toilette, plein d'humour et de malice. Après avoir établi une liste d'objets de notre quotidien le plus familier, chaque participante devait en choisir un et écrire le journal de cet objet. Voici mon texte : Le stylo rouge
Lundi
Je suis rouge, d'origine étrangère, portugais en fait car ma maîtresse m'a rencontré à Lisbonne dans un musée. Depuis, on ne se quitte plus, on s'aime vraiment. Elle m'emporte partout où elle va dans son sac à main, et elle respecte mon temps de repos, la nuit, sur son bureau.
Mardi
Je me sens en forme ce matin mais mon copain, l'agenda, me demande souvent des notes pour pallier la défaillance de mémoire de ma patronne qui veut absolument ne rien oublier. Pensez donc ! Elle est à la retraite, et pourrait oublier cet agenda... A quoi bon l'utiliser ? Elle n'a plus de rendez-vous importants et ne fait plus carrière. J'ai donc décidé, moi, le stylo, de faire la guerre à ce prétentieux monsieur l'agenda, obsolète et inutile, aujourd'hui.
Mercredi
Le chat de la maison, crétin et coquin, a grimpé sur le bureau et d'un coup de patte, il me jette sur le tapis. Il m'a fait mal, cet animal... Je me vengerai bien un jour !
Jeudi
Ma patronne me cherche partout. L'angoisse se lit sur son visage. Je me sens irremplaçcable et ne peut pas crier : je suis là dans le tapis épais du salon.
L'agenda rit sous cape...
Vendredi
Je sens une main qui m'a enfin repéré et je suis soulagé de reprendre ma vie de scribe. Ce repos forcé m'a engourdi l'encre. Heureusement, je suis l'unique objet des désirs de ma chère maîtresse qui me fourre dans son sac pour rejoindre un groupe d'amateurs d'écriture. Quelle drôle d'idée !
Samedi
Je me love avec volupté dans son sac en cuir gris. Nous partons ensemble à l'atelier et quand elle s'empare de moi, je file sur la page blanche tel un petit soldat. Je mets tout mon talent pour fixer les mots qu'elle choisit. Et les mots s'enchaînent, se suivent les uns les autres pour composer un texte qu'elle va lire devant cette assemblée d'amoureux d'écriture. Je suis heureux d'avoir accompli ma tâche et je me repose à nouveau dans son sac.
Dimanche
Repos complet, pas d'écriture le dimanche, je me prélasse sur son bureau en compagnie du chat qui me respecte dorénavant, comprenant enfin mon rôle éminent dans l'atelier !