jeudi 21 juin 2018

"Terres promises"

J'ai emprunté à la médiathèque le dernier roman de Milena Angus, "Terres promises". Le titre me semblait alléchant et je connaissais le talent littéraire de Milena Angus dont certains livres ("Mal de pierres", "Battement d'ailes") avaient été évoqués dans l'atelier lectures. En plus, je venais de lire un reportage sur elle dans la revue Lire de juin. Cette femme écrivain italienne raconte avec un charme certain des histoires qui se passent sous le soleil ardent de la Sardaigne. Dans son huitième roman, "Terres promises", publié aux éditions Liana Levi, Milena Angus écrit une saga familiale en 174 pages, un record de concision quand on pense aux quatre tomes d'Elena Ferrante. Raffaele quitte sa terre natale pour Gênes en tant que marin. Ce goût de l'ailleurs le mène plus tard à Milan, une "terre promise" d'un nombre considérable d'Italiens du Sud. Sa femme Ester l'accompagne. Il a trouvé du travail dans cette ville du Nord, froide et industrieuse. Mais son épouse s'ennuie et se sent déracinée. Elle oblige son mari à retrouver Cagliari. Leur fille Felicita, un peu potelée, tombe amoureuse d'un fils de famille qui, lui, ne l'aime pas. Elle donne naissance à Gregorio et elle l'élève seule. Felicita se raccroche au Parti communiste pour un espoir d'un monde meilleur. Son fils Gregorio se passionne pour la musique et joue du piano avec un génie intuitif. Dans ce petit monde de personnages en quête de bonheur, le rêve tient une place importante. La terre promise ressemble à ce bonheur inaccessible que chacun aspire à vivre. Le jeune Gregorio parviendra à rejoindre New York pour devenir musicien de jazz. Felicita rencontre par hasard un homme sur la plage et ils vont peut-être s'aimer, encore une "terre promise" symbolique. Milena Angus écrit comme un peintre pointilliste, par petites touches qui semblent légères mais qui résonnent fort. Chaque personnage se bricole son projet individuel sans tenir compte des contraintes familiales. Ce roman révèle une certaine vérité : la terre promise est un mensonge séduisant, un doux rêve tellement humain… La musique mélancolique de Milena Angus agit à travers ses personnages fragilisés par la maladie, le manque d'amour et la difficulté de vivre. Un roman subtil et d'un goût italien irrésistible.