lundi 19 février 2024

Atelier Littérature, Stefan Zweig, 2

 Véronique a découvert dans sa bibliothèque, "Wondrak", un texte étrange et rare, un des moins connus de Stefan Zweig. A la fin du XIXe siècle, dans un village de Bohëme, la jeune Ruzena vient de donner naissance à un enfant. Cette femme, surnommée "Tête de mort", avait un défaut physique majeur car elle n'avait pas de nez. Les hommes la fuyaient et pourtant, ce fils existe et apporte à la jeune mère une joie qu'elle n'avait jamais connue. Vivant à l'écart, elle est tout de même obligée de le scolariser. En 1917, son fils doit partir à la guerre. Mais, elle organise un plan pour le soustraire aux gendarmes.  Cette nouvelle révèlait le caractère pacifiste de Stefan Zweig. A découvrir par curiosité. Geneviève H. et Odile ont beaucoup aimé l'autobiographie de Stefan Zweig, "Le monde d'hier. Souvenirs d'un Européen", écrit lors de son exil au Brésil avant son suicide en 1942. Ce livre essentiel de l'oeuvre globale se lit avec une admiration unanime. Il raconte sa vie familiale libérale d'origine juive à la fin du XIXe siècle, les changements sociaux et techniques, ses amis comme Freud, Verhaeren, Rilke. Cette époque surtout intellectuelle était faite de liberté et de sécurité qui s'éffondrera dans les années 30 avec l'arrivée d'Hitler au pouvoir. Cet ouvrage testamentaire d'une richesse inouïe reste le chef d'oeuvre de l'écrivain et résonne toujours autant de nos jours. Il intègre dans ses mémoires beaucoup de thèmes comme l'éducation, les femmes, la fin des monarchies, Paris, Londres, l'art, les guerres mondiales, etc. A lire absolument cette autobiographie extraordinaire ! J'ai retenu cette belle maxime : "Et seul celui qui a appris de bonne heure à épanouir largement son âme est plus tard à même de saisir en lui le monde entier". Annette a lu la nouvelle, "Etait-ce lui ?", un récit "policier" où il est question de voisins avec leur jeune enfant et leur chien. Betsy, la narratrice, revient sur le drame de cette famille qui a perdu leur enfant assassiné. Qui est l'assassin ? Ponto, le chien ? Si vous voulez connaître la vérité, il faut lire cette nouvelle originale. Odile a bien apprécié "Amok", une nouvelle très célèbre, publiée en 1922. Un médecin se confie au narrateur lors d'une traversée à bord d'un bateau pour l'Europe. Il raconte qu'une Anglaise voulait se faire avorter discrètement et elle était prête à payer une somme considérable. Il refuse et veut discuter avec elle pour rejeter cette solution. Mais, comme elle maintient sa décision, le médecin rentre dans une transe furieuse (l'amok) et la poursuit jusque chez elle. Il faut découvrir cette étrange nouvelle d'une densité troublante.  Régine, qui considère Stefan Zweig comme son écrivain préféré, a relu "Brûlant secret" qu'elle a évidemment beaucoup apprécié. Je n'en reparlerai pas car j'ai déjà consacré un billet sur ce texte "brûlant" d'intensité. Danièle a terminé la séance en présentant la biographie de Stefan Zweig, écrite par Catherine Sauvat. Cet ouvrage bien écrit, apporte un éclairage précieux sur la vie de l'écrivain. Pour mieux comprendre l'oeuvre polymorphe de Zweig (nouvelles, biographies, essais, mémoires, théâtre et poésie), il est essentiel de connaître cet homme aux multiples facettes. Pour ma part, j'ai consacré un nombre important d'heures de lecture pour relire et lire ma Pléiade de Zweig et jamais, je ne me suis ennuyée, un gage de son génie romanesque !