jeudi 16 décembre 2021

Atelier Littérature, 1

 L'Atelier Littérature de décembre, le quatrième de la saison, a réuni une bonne dizaine de lectrices avant les Fêtes de Noël.  J'avais choisi des romans autour de l'hiver et cette journée un peu brouillardeuse et froide coïncidait avec le thème de notre rencontre. Geneviève a démarré avec un roman de Laura Kasischke, "Esprit d'hiver", paru en 2014. C'est le jour de Noël et le blizzard s'est levé. Holly, la mère de famille, attend des invités qui ne pourront pas venir. Elle se retrouve donc seule avec sa fille adolescente adoptive, Tatiana. Sa fille devient irascible, inquiétante, étrange et l'angoisse monte dans cette maison de famille. Holly s'interroge sur Tatiana, adoptée en Sibérie. Ce huis-clos glaçant entre une mère et sa fille a particulièrement inquiété Geneviève qui a bien aimé ce thriller psychologique un peu terrifiant, amplifié par l'ambiance du blizzard opaque. Annette a lu "Les Contes d'hiver" de Karen Blixen. Les onze contes qui composent le recueil ont charmé Annette qui a présenté les thèmes abordés par l'écrivaine danoise : la gratitude, la culpabilité, la générosité, le rêve, la poésie. On peut lire l'histoire d'un jeune mousse qui sauve un faucon, d'un écrivain malheureux qui fuit sa propre vie, de deux sœurs ruinées qui jouent aux riches héritières, d'une héroïne de la Grande Guerre. Le style quelque peu suranné n'a pas gêné notre lectrice motivée. Agnès a beaucoup aimé le roman de Jean-Philippe Blondel, "Un hiver à Paris", paru en 2016. Victor, professeur d'anglais, reçoit une lettre qui va raviver un souvenir enfoui. En septembre 1984, Victor monte à Paris pour intégrer sa deuxième année de Prépa. Il ne s'intègre pas et ne connaît pas les codes sociaux de l'école. Il se lie tout de même avec un autre garçon, étudiant de première année littéraire. Or, un jour, au lycée, en sortant d'un cours, Mathieu commet l'irréparable : il se jette dans le vide et meurt sur le coup. Ce drame va déclencher chez Victor un changement dans sa propre vie. Le père du garçon veut connaître l'ami de son fils. Comment interpréter le geste fatal de Mathieu ? Ce roman sensible aborde avec délicatesse la difficile question du suicide. Odile et Danièle ont lu "Un roi sans divertissement" de Jean Giono. Dans le Trièves, il se passe de drôles de choses. Au bout de trois meurtres inexpliqués, le commandant Langlois recherche cet assassin mystérieux. Odile a éprouvé une certaine difficulté pour rentrer dans cette fiction étrange, cette parabole sur l'ennui existentiel.  'Un roi sans divertissement est un roi plein de misère" a écrit Pascal. Giono illustre avec sa prose somptueuse une série romanesque très noire, centrée sur le mal et sur la misère humaine loin du soleil de sa Provence natale. Ce roman inaugure le cycle des chroniques dans les années 50 avec des formes narratives plus audacieuses. La présence de plusieurs narrateurs rend la lecture plus ardue. Mais, notre Giono mérite amplement tous les efforts du monde pour se plonger avec ravissement dans son univers singulier. (La suite, demain)