lundi 16 novembre 2015

Avant et Après

J'ai beaucoup de mal à m'exprimer ce soir car mon dernier billet sur Delphine de Vigan date du vendredi 13 novembre. Cela semble futile de poursuivre mes commentaires sur la littérature, les voyages, le cinéma. J'ai appris la terrible nouvelle que samedi matin quand j'ai ouvert ma tablette. Quand j'ai vu les titres du journal Le Monde, je n'y croyais pas. Pourtant, depuis "Je suis Charlie", la vie a changé dans nos sociétés occidentales. Un sentiment d'insécurité est de plus en plus prégnant dans nos têtes. Comment allons-nous vivre maintenant ? Je pense aux victimes avec une compassion totale. Ces attentats à Paris contre la jeunesse qui aime le rock, contre les Parisiens qui aiment s'attabler dans une terrasse pour partager l'amitié, symbolisent la haine de la liberté, de la culture, de la démocratie, de la convivialité républicaine. Depuis que je suis allée à Berlin, j'ai repensé aux nazis qui ont brûlé les livres des écrivains non conformes à leurs idées en 1933. Un jeudi soir, j'ai écouté Paul Veyne à la télévision qui évoquait la belle cité de Palmyre, un joyau de l'Antiquité, dynamitée par les terroristes islamistes. Cette haine de la liberté, de la culture, de la civilisation occidentale me fait peur et il est temps de dire que notre monde confortable va devenir un monde inconfortable, dangereux surtout pour ceux qui vivent  dans les métropoles    Il faut pourtant continuer notre vie comme avant. Malgré mon effarement, malgré ma sidération devant ces attaques lâches, inhumaines perpétrées par des fanatiques islamistes, il faut continuer à vivre comme avant. Lire, écrire, voyager, rencontrer des amis, aller au restaurant, au concert, au spectacle, au cinéma, sur une terrasse, au musée, tous ces actes ne doivent pas disparaître de notre vie quotidienne. J'ai relu hier l'ouvrage de Primo Levi, "Si c'est un homme" et j'ai vu dans ces bourreaux nazis, le visage hideux des terroristes islamistes. Beaucoup de récits et de romans se saisiront un jour de ces événements tragiques. Primo Levi a décrit la négation de l'humanité, et pourtant il a réussi à se maintenir en vie grâce à quelques compagnons du camp. Je citerai ce passage : "Je crois que, c'est justement grâce à Lorenzo que je dois d'être encore vivant aujourd'hui, non pas tant pour son aide matérielle que pour m'avoir constamment rappelé, par sa présence, par sa façon si simple et si facile d'être bon, qu'il existait encore, en dehors du nôtre, un monde juste, des choses et des êtres encore purs et intègres que ni la corruption, ni la barbarie n'avaient contaminés, qui étaient demeurés étrangers à la haine et à la peur ; quelque chose d'indéfinissable, comme une lointaine possibilité de bonté, pour laquelle il valait la peine de se conserver vivant." Primo Levi nous apprend qu'il faut toujours garder un certain espoir, même minime, en l'homme mais, vendredi, ces humains d'apparence n'en étaient pas comme les nazis en leur temps funeste...