vendredi 23 août 2013

"Un concours de circonstances"

Amy Waldman était journaliste pendant dix ans pour le New York Times et elle a donc couvert les événements du 11-Septembre 2001 quand les Tours se sont effondrées. Elle a exploité cet acte de terrorisme en écrivant son premier roman, "Un concours de circonstances" en 2011 et paru chez L'Olivier en 2012. Paru cet été en poche Points du Seuil, j'ai voulu découvrir cette nouvelle voix de la littérature américaine. Le sujet s'avérait assez ardu à traiter : le choix d'un musulman dans un concours d'architecture pour choisir le monument qui rendra hommage aux milliers de victimes. Amy Waldman expose dans une mosaïque de personnages les réactions des opposants au projet choisi et des jurés qui ont voté pour Mohammad Khan. Le talent de la romancière prend toute son ampleur dans cette symphonie de voix. La polémique s'emballe avec l'influence des médias : l'architecte défend son œuvre avec obstination et ne veut pas justifier de son choix. Il se sent avant tout américain et ne comprend pas l'opposition acharnée des parents des disparus qui ont subi la perte de leur frère, fils, père dans l'attentat.  Les politiques se veulent prudents et attentistes. Les jurés basculent aussi dans le doute sur les intentions de l'architecte. Son jardin-paradis est-il influencé par la religion musulmane ?  Les points de vue s'affrontent, le débat s'envenime et l'architecte finit par abandonner le projet par orgueil. Ce roman très contemporain avait été choisi par la revue Lire comme le meilleur livre étranger en 2012. Il est assez rare dans l'univers littéraire de saisir un événement aussi sensible encore aujourd'hui et d'imaginer un scénario polémique sur la très délicate question du terrorisme islamiste. Amy Waldman a toutes les audaces dans son écriture et dans la construction polyphonique du roman. A découvrir...