jeudi 2 février 2023

Colette, le retour à la source

 Mon mois de janvier, je l'ai placé sous le signe de Colette. En ces temps moroses d'actualités chargées, je me suis "Colettisée" et ces lectures au coin d'un poêle à bois m'ont ensoleillée le cœur. Un bain salutaire et revigorant dans "Les vrilles de la vigne", "Sido", "La naissance du jour", "La maison de Claudine" et "Claudine à l'école". Et ce n'est qu'un début. Au lieu d'aller consulter un professionnel de la déprime, je conseille tout bonnement Colette ! Elle fouette le sang, chasse les idées noires, invite à découvrir la saveur du temps passé et surtout redonne le goût des sensations. J'avais choisi "La maison de Claudine" dans le cadre de l'Atelier Littérature de janvier et j'ai ressenti pendant cette relecture un véritable coup de cœur, coup de foudre pour cette écrivaine singulière et libre, notre "Colette, un symbole féminin de notre patrimoine littéraire français". Pourtant, j'avoue ma grande infidélité et mon ingratitude envers elle. Dès mon adolescence, les "Claudine" m'ont tellement enthousiasmée que j'en garde encore un souvenir ému. Puis, j'ai lu ses romans et ses récits au fil des années. Mais, je l'ai carrément abandonnée depuis quelques années. Quand je lisais "Les Vrilles de la vigne", je pensais aussi à Marcel Proust, le "pape" de la littérature française. Son enfance racontée dans "Du côté de chez Swann" ressemble à celle de Colette même si les classes sociales diffèrent. Ils ont en commun le patrimoine des sensations et un amour de la vie chevillé à leur plume respective. Cette année, je me réjouis par avance d'accompagner Colette et Marcel Proust comme si je me retrouvais dans ma maison natale, mes racines littéraires, un retour aux origines de ma passion des livres. A l'occasion des 150 ans de sa naissance, les médias commencent à parler de l'écrivaine. Sur France Culture, j'ai écouté les cinq podcasts sur Colette de la psychanalyste Julia Kristeva. J'avais lu sa biographie sur Colette dans sa série "Le Génie féminin" qu'elle a consacré à Hannah Arendt, Mélanie Klein et Colette. Le regard de Julia Kristeva sur la vie et sur l'art de Colette est particulièrement original, intelligent et fervent. Pour savourer l'œuvre "colettienne", il est préférable de connaître sa vie car vivre et écrire pour l'écrivaine se confondent en un même verbe. Toujours sur la radio culturelle, plusieurs émissions évoquent Colette comme celle d'Antoine Compagnon, "Un été avec Colette" ou celle de la "Compagnie des œuvres". Le journal "Le Monde" propose un hors-série de qualité sur elle. Emmanuelle Lambert, qui avait écrit un beau récit sur Jean Giono, a composé un ouvrage sur "Gabrielle Sidonie Colette" avec des photographies d'époque. Je ne pouvais choisir que cette grande Dame des Lettres françaises pour animer l'atelier Littérature de février avec une liste de dix titres. J'ai demandé à mes amies lectrices de retenir quelques mots "anciens", patinés par le temps, que Colette emploie constamment et nous lirons des textes à voix haute pour savourer une langue française née dans un terroir bourguignon, pleine de saveurs et de sensations. Nous célèbrerons le 150e anniversaire de sa naissance le jeudi 23 février et malgré cette suite de décennies, je n'ai jamais rencontré une telle jeunesse chez cette grande dame et Sido, sa mère, lui écrivait ceci en qualifiant sa prose : "Des petits riens mais qui ont deux cents ans d'avance".