vendredi 17 juillet 2015

"Lucy"

Je lis toutes les semaines les pages consacrées aux livres du journal Le Monde. Ce rendez-vous hebdomadaire dure depuis de nombreuses années. Je voue une fidélité sans faille à ce supplément littéraire qui m'a permis d'explorer la planète littérature sans oublier les sciences humaines. Je conserve pendant l'année la quarantaine de numéros que je feuillette régulièrement à la recherche d'une critique. J'ai donc lu sur les conseils de la journaliste Florence Noiville le roman de Cristina Comencini, "Lucy", une histoire-miroir attachante, publiée chez Grasset en janvier 2015. Le personnage principal, Sara, paléo-anthropologue, spécialiste de la vallée du Rift en Afrique, traque les traces de la première femme, notre ancêtre la plus âgée (3 millions d'années !), et que les scientifiques ont baptisé Lucy. Sara écrit une lettre d'adieu à sa famille, une famille éclatée : un mari avec lequel elle a divorcé, un fils célibataire, éloigné au Canada, une fille en couple sans enfant. Le mari, Franco, s'est remarié et est redevenu père sur le tard. La mère a tout sacrifié à sa carrière de paléontologue. Elle est partie en Afrique au détriment de ses enfants. Matilde, sa fille, tient à garder un contact permanent téléphonique avec cette mère fuyante. Alex, le fils instable, a perdu le sommeil et ne vit que de liaisons intermittentes. Franco se sent coupable d'avoir trahi sa femme qu'il aimait passionnément mais, avec laquelle, il ne s'entendait plus,  la vie commune devenant difficile et impossible par ses absences africaines. Sara représente la quintessence de la femme moderne voulant tout concilier : son métier, sa famille, ses amies, ses loisirs... Mais son esprit indépendant et sa liberté revendiquée dérangent les siens et finissent par l'isoler dans une certaine solitude. La rencontre avec Milo, un jeune homosexuel, va éclairer sa fin de vie, car elle ne veut pas imposer sa maladie aux siens. Cristina Comencini (fille du grand cinéaste italien) a écrit un beau portrait de femme, complexe, déroutante, dérangeante mais terriblement séduisante... La morale de l'histoire pourrait se situer dans la comparaison entre Lucy et Sara, deux femmes qui suivent leur chemin sans jeter un regard derrière leur épaule. Elles se sont mises en marche et personne ne les arrêtera...