vendredi 3 janvier 2020

Eloge éternel de la lecture

Comme tous les ans, je reviens sur mes lectures. Je n'ose pas dire le nombre de livres que j'ai lus (une belle centaine et plus…) car je sens que c'est une anomalie dans ce monde contemporain où cette activité n'est pas toujours considérée comme un mode de vie souhaitable. Et pourtant, j'ai appris que les livres poursuivaient leur belle vie tranquille dans les librairies et dans les bibliothèques. Les Français les ont placés en tête des cadeaux offerts à Noël. Ce constat me tient chaud au cœur. Je n'ai jamais raconté la cause profonde de ma passion des livres. Elle est née dans mon enfance assez tardive, vers neuf ans, quand j'ai commencé à dévorer les "illustrés" que j'achetais dans un bureau de tabac, proche du bar-café de mes parents au Boucau, près de Bayonne. Quand je vois la richesse de la littérature jeunesse depuis quarante ans, je suis ravie que les enfants découvrent le plaisir de lire pratiquement dès leur naissance… Mes parents, très occupés par leur travail (un esclavage à l'époque avec quinze heures par jour), ne nous racontaient pas d'histoires pour nous endormir et ne nous lisaient pas des albums, faute de temps. Loin de vivre ce manque comme un traumatisme, je comprenais parfaitement la non-disponibilité parentale et jamais, non jamais, je n'ai voulu leur reprocher leur attitude. Il faut dire qu'à cette époque, je me demande quels étaient les enfants qui ont vraiment bénéficié de cette attention dans les années 50.  Il fallait découvrir par soi-même le goût de lire. Je suis donc tombée dans l'océan de papier quand j'ai souffert d'une maladie (un souffle au cœur) qui m'a bloquée au lit pendant trois mois à l'âge de onze ans. Mon adorable mère a joué un rôle majeur en m'achetant toute la collection verte d'Hachette en particulier tous les Jules Verne. Un livre par jour (pas de télé à l'époque…) et la passion de lire m'a guérie et ne m'a jamais quittée. Le livre de poche, étant né dans les années 50, a permis une démocratisation culturelle extraordinaire. Je les ai dévorés avec gourmandise. Si je les avais gardés, je devrais acheter un château pour tapisser les murs avec tous ces exemplaires… Hélas, ma vie professionnelle de bibliothécaire a impliqué des changements de lieu et n'a pas favorisé l'agrandissement permanent de ma bibliothèque. Je le regrette un peu mais il faut bien faire du vide. Pourtant, chaque ouvrage que j'ai tenu dans mes mains, pouvait à mes yeux se transformer en madeleine de Proust. La mémoire engrange d'innombrables images où la lecture prend toute sa place. J'ai lu tout Balzac quand j'étais dans ma chambre de lycéenne studieuse. J'ai découvert Proust avec une émotion incroyable dans cette petite maison de Salies de Béarn. J'ai dévoré mes écrivaines féministes à Bayonne dans ma librairie entre deux clients. J'ai savouré des recueils de poèmes sur les plages basques. Un lieu, un livre, une émotion. Et on dit que lire n'est pas vivre… Mon éloge éternel et sempiternel de la lecture est peut-être une rengaine,  mais j'assume parfaitement cette passion. En ce début d'année 2020, une deuxième rentrée littéraire prend forme et je me réjouis de découvrir de nouveaux talents littéraires et de poursuivre mon compagnonnage avec les "anciens"...