lundi 3 avril 2017

"Quand monte le flot sombre"

De Margaret Drabble, j'avais lu avec beaucoup d'intérêt "Un bébé d'or pur" en 2013. Née en 1939 en Angleterre, cette écrivaine écrit depuis 1963 et a suivi une carrière universitaire en supervisant des éditions littéraires anglaises. Le titre du roman n'incite pas à une lecture distrayante et légère. L'écrivaine propose une réflexion sur la vieillesse, le bien et le mal vieillir, l'arrivée de la maturité et la fin de vie. Fran Stubbs, septuagénaire dans une forme éblouissante, voyage à travers le pays pour inspecter les maisons de retraite et les résidences pour personnes âgées. Une organisation caritative lui a donné cette mission importante qui la maintient dans la "vie active". Sa fille Poppet vit dans une maison isolée et se consacre à l'écologie. Son fils Christopher travaille dans les médias et vient de perdre sa compagne. Il a rejoint des amis dans les îles Canaries. Son mari malade, dont elle est divorcée, bénéficie de son aide car elle lui apporte des repas à domicile. Et Fran possède des amies qui vivent dans ces résidences assez huppées de Londres. Les portraits de ces femmes illustrent le phénomène du vieillir et des étapes vers la fin de vie. Fran puise son énergie chez ses jeunes collègues et son immense empathie envers ses amies lui donne la force de vivre. Le vieillissement concerne aussi un couple d'hommes dont la différence d'âge intensifie l'inquiétude du plus jeune. Chacun trouve dans cette période de la vie, difficile et délicate, une solution pour supporter les problèmes de santé et l'isolement social. La culture tient une grande place dans leur existence (ils étaient tous des intellectuels) et atténue les douleurs physiques. Ce roman exigeant évoque tous ces destins d'hommes et de femmes dans un devenir qui s'amenuise au fil du temps. Pourtant, Margaret Drabble traite ce sujet avec une mosaïque de sentiments contradictoires : le regret de la vitalité et la richesse de l'expérience,  la nostalgie du passé douloureux et la satisfaction d'un présent plus serein. Le dénominateur commun de tous ces portraits souvent émouvants se nomme dignité, une dignité héroïque, une volonté de vivre malgré la mort future. Un dernier chapitre raconte la mort de Fran et comme le lecteur(trice) s'était attaché(e) à ce personnage tellement vivant, une peine soudaine surgit alors que tout est fiction. Un roman littéraire, attachant, fort et teinté d'humour, malgré tout..