jeudi 12 mars 2015

Revues du mois

Ce mois-ci, la revue Lire propose un grand entretien avec Elisabeth Badinter et se pose la question suivante : "Peut-on rire encore de tout ?" Evidemment, on peut rire de tout, nous conseille François Busnel, l'éditorialiste de Lire. Je le cite : "Rire, c'est se libérer de la pesanteur du monde dans lequel nous vivons. C'est faire disparaître la terreur que peuvent inspirer les fanatiques. C'est relativiser. Humaniser. Résister. Exercer son esprit critique. Mettre à distance les dogmes et les idées reçues, les idéologies dominantes et les opinions communes." Il est donc salutaire de ne pas se prendre trop au sérieux. Dans le dossier consacré au rire, on retrouve Rabelais, Voltaire, Jarry, la bande à Charlie. Elisabeth Badinter, cette intellectuelle "lumineuse", défend sans concession, la laïcité et les valeurs de la République avec une ténacité et une obstination que l'on ne peut qu'admirer. Elle relève, dans l'après des événements de janvier, le mot "mais", ce mot qui veut limiter la liberté d'expression. Il ne fait pas blesser les croyants, dit-on... Elisabeth Badinter revendique au contraire la liberté de se moquer de toutes les croyances et de les critiquer. Pour elle, il faut "réaffirmer un certain nombre de choses : apprendre à lire, résister au moralisme du politiquement correct, restaurer l'autorité de l'école."  Et l'article se termine par la formule : " ne pas avoir peur". Le Magazine littéraire de mars a aussi met l'accent sur la résistance avec Voltaire, en reprenant le slogan "Je suis Voltaire". La revue propose un dossier sur les intellectuels français en posant la question de la relève. J'ai découvert ainsi un vivier de jeunes penseurs (y compris des femmes) qui apportent un air frais dans le paysage intellectuel d'aujourd'hui. Ces deux revues ont rempli leur contrat d'informations littéraires et culturelles en offrant une réflexion salutaire sur la tolérance, la laïcité, la liberté d'expression. Tant mieux car les informations médiatiques ne s'attardent jamais longtemps sur les tragédies nationales. Il ne faut pas baisser le moral des ménages car les affaires s'affaissent...