jeudi 3 mars 2011

Eloge de la presse

Le rituel du début de mois, c'est l'achat de quelques mensuels que je feuillette ensuite au fil des jours. J'ai souvent mentionné la lecture des revues littéraires et je ne manque jamais "Philosophie Magazine". Au sommaire de ce mois de mars : Stéphane Hessel, le plus célèbre des nonagénaires, un dialogue entre Martine Aubry et Bernard Stiegler, et un grand dossier sur "Etes-vous normal ?" : tout un programme. La revue propose aussi une grande enquête sur Soren Kierkegaard. En marge de mes lectures d'essais et de romans, j'établis un rite mensuel composé de l'acquisition de ces trois revues que je conserve évidemment pour lire les articles sur des thèmes ou des auteurs qui coincident avec mes intérêts du moment. Je pourrais les emprunter à la bibliothèque mais j'aime les avoir à ma portée de mains et d'esprit. Si vous pensez que la revue Philosophie magazine ne fait pas partie de votre horizon quotidien, vous êtes victime de "préjugé". Cette revue est facile à lire, comme on lit un hebdo généraliste et elle aborde des questions d'actualité en profondeur. Une distance est nécessaire pour lire et il faut prendre son "temps" pour savourer ces informations dites "lentes". On parle du "slow food" : je qualifierai la presse papier comme le slow food des infos. Les médias télévisuels nous font vivre l'immédiateté sans profondeur et sans recul. Il nous faut conserver cet art de lire car la lecture hors écran apporte cette quiétude, ce calme rare et unique, ce concentré d'énergie intellectuelle. On ressent sa présence au monde avec plus d'acuité. Le flot sans interruption peut noyer tout citoyen lambda. La presse-papier (journaux, revues) nous apporte ce recul indispensable pour se forger une opinion personnelle. Il faut souhaiter une longue vie à tous ces espaces qui vendent encore des journaux et des revues, des kiosques aux maisons de la presse. Récemment, j'ai constaté la disparition d'une maison de la presse dans une grande galerie marchande à Chambéry et on ne trouve plus que des magasins franchisés de vêtements, de téléphonie, de décoration et d'alimentation. Seule, la pharmacie tient encore... La lecture de la presse sur papier semble perdre du terrain. Il est vrai aussi que les prix des journaux commencent à peser sur les budgets, surtout pour les jeunes générations. Je ne veux pas me contenter de lire la presse sur Ipad. J'espère que les deux possibilités de lecture cohabiteront longtemps, longtemps, longtemps...