lundi 21 mars 2016

"La renverse"

Olivier Adam écrit souvent des romans "sociétaux" car la famille et la société s'entremêlent pour créer chez le lecteur(trice) un certain malaise vécu par le personnage principal. Antoine vit en Bretagne, travaille dans une librairie et raconte le cauchemar familial qu'il a vécu dix avant. Il apprend la mort d'un homme politique, Jean-François Laborde, victime d'un accident de voiture. A partir de cet événement, le passé resurgit et il se remémore le scandale qui a brisé sa famille. Sa mère était la maîtresse de ce maire et sénateur de droite d'une ville normande (une affaire récente semble correspondre à ce fait divers lamentable). Sa mère est aussi impliquée dans une affaire de mœurs concernant deux employées de la mairie qu'elle aurait entrainées dans le bureau du sénateur-prédateur sexuel.  Antoine remonte aux sources familiales pour comprendre l'attitude de ses parents. La mère se sent flattée par cette relation politico-amoureuse car elle a commencé sa vie dans le mannequinat et le cinéma populaire. Son mariage raté avec un homme falot et ordinaire et cette vie de femme au foyer manquaient de "piquant". Ce mirage d'une existence flamboyante l'aveugle au point d'oublier ses obligations parentales envers ses deux fils. Quand le scandale éclate, le frère d'Antoine quitte la maison et rejoint sa tante. Antoine préfère observer la déchéance parentale, le gouffre abyssal entre lui et eux. Cette fracture sera définitive car il ne reverra jamais ses parents. L'intérêt du roman repose sur le vécu imaginé par l'auteur, des protagonistes d'un fait divers scabreux au sein d'une famille typique, de la classe moyenne, formatée, honnête et conformiste. Olivier Adam dénonce l'irresponsabilité parentale, l'hypocrisie sociale, l'imposture et la corruption de la classe politique (de droite pour lui, évidemment). Antoine fuit cette vie factice et se reconstruit loin d'elle jusqu'à franchir l'océan pour retrouver son frère au Canada. La presse littéraire n'a pas été tendre avec Olivier Adam à la rentrée de septembre. On lui a reproché la pauvreté de son style, le mécanisme romanesque trop caricatural inspiré d'un fait divers politique, le mal-être récurrent des personnages broyés par des parents égoïstes. Ce roman malgré quelques faiblesses a quand même le mérite d'exploiter un certain malaise sociétal d'un pays en crise et Antoine, victime de parents égoïstes et stupides, ne peut que rompre avec ce passé sans gloire...