vendredi 15 janvier 2021

Un confinement hivernal

 La nouvelle est tombée : le gouvernement a tranché en faveur d'un couvre feu à partir de 18H. Pour une retraitée comme moi, cela n'aura pas de conséquence car, déjà, je me confine volontairement chez moi près de mon poêle. Il suffit d'aller en ville en fin d'après-midi pour fuir ce moment tellement les embouteillages figent la circulation. Bienheureux, les retraités qui n'ont pas l'obligation de faire leurs courses le soir... Par contre, j'imagine bien les contraintes des salariés bousculés dans les horaires de leur travail qui devront rentrer chez eux sans avoir le temps de s'arrêter devant une boulangerie. Avant un confinement strict comme en mars, nos gouvernants veulent maintenir la vie sociale pour les scolaires, pour les salariés et pour ceux qui veulent prendre l'air. L'hiver déjà nous cantonne plus souvent chez soi comme à Chambéry où il pleut depuis cinq jours. La Covid aussi se transforme au fil du temps et certains virus menacent encore plus dangereusement. Ces "variants" feront des dégâts encore plus graves que celui qui nous empêche de vivre normalement. Quelle époque aux accents apocalyptiques ! J'ai lu récemment un article de la philosophe, Claire Marin, dans le journal Le Monde. Elle évoque la crise sanitaire : "Pour traverser et supporter une épreuve, on a d'abord besoin de se dire qu'elle aura une fin, qu'elle ne durera pas indéfiniment et qu'elle a un sens : qu'elle permettra une clarification des lignes, une redéfinition plus satisfaisante de notre existence, un changement social, politique, économique". La philosophe admet que ce genre d'épisodes pourrait resurgir à l'avenir et nous devons nous préparer à "l'idée de devoir vivre autrement". Repenser le monde du travail, du soin, de l'enseignement, des relations humaines. Hier, j'ai vécu l'expérience d'une visioconférence concernant l'atelier philo. Les échanges m'ont semblé insatisfaisants, les connexions parfois chaotiques. La parole d'Agnès, notre professeur de philosophie, a quand même cheminé dans nos oreilles mais l'attention faiblissait au fil des heures. Quand les rencontres reviendront dans un espace physique, on se sentira pleinement humains. Comme le dit Claire Marin, "notre vie n'est pas un fond d'écran sur lequel nous pouvons ouvrir une multitude de fenêtres en même temps". Vivement ce sacré vaccin considéré comme une denrée rare. Cette lenteur vaccinale me rappelle la faillite de l'Etat pour nos chers masques protecteurs. Je laisse encore la parole à la philosophe : "Qu'est-ce qui nous est vraiment essentiel ? Pouvoir se mêler aux autres, dans des espaces communs, comme les restaurants, les cafés, les cinémas ou les piscines et les terrains de foot est un besoin essentiel nécessaire à notre équilibre psychique. Nous sommes des animaux sociaux".