lundi 14 novembre 2022

Escapade à Paris, 2

 Le matin suivant mon arrivée, je me suis dirigée vers le Musée d'Orsay en traversant le pont du Carrousel et j'ai vu tout de suite la foule des touristes, attendant sagement de pénétrer dans l'enceinte de la gare muséale. Il faut dire que les contraintes sécuritaires provoquent toujours ces files d'attente, car, il est nécessaire de montrer le contenu des sacs avant de franchir le portique. Une fois à l'intérieur, tout le monde se disperse dans les salles et les étages pour se précipiter en priorité vers les Impressionnistes. Orsay organisait aussi trois expositions et j'étais spécialement venue pour Edward Munch (1863-1944)  un peintre norvégien du XXe siècle. Comme dans toutes les expositions surmédiatisées, nous étions vraiment très nombreux à admirer les toiles du Maître. Il fallait presque s'imposer quelques secondes pour voir les tableaux. Pourtant, j'avais réservé le créneau horaire du matin et mystère, il y avait foule. Malgré ce désagrément, j'ai beaucoup aimé ces toiles expressionnistes d'une puissance figurative rehaussée par des couleurs vives et criantes. La notion de cycle joue un rôle clé dans la pensée du peintre car des motifs reviennent régulièrement dans ses peintures. Pour lui, "l'humanité et la nature sont unies dans le cycle de la vie, de la mort et de la renaissance". Influencé par Nietzche et par Bergson, Munch élabore sa propre philosophie considérant la vie "comme une alternance de joies et de peines, de souffrance et d'amour, tout en contemplant la mort au cœur de tout". Il suffit de rester devant son célèbre "cri" pour ressentir l'angoisse existentielle. Les visages de ces personnages paraissent absents au monde mais, il persévère dans sa croyance quasi mystique où "Tout est en nous - et nous sommes en tout". Cette fusion avec la nature se lit dans ces œuvres venues du musée d'Oslo. J'avais vu quelques-unes de ces toiles à Stockholm mais toucher de mes yeux cette centaine de tableaux demeure une expérience esthétique marquante. Plus tard, j'ai revu quelques peintres que j'aime bien comme Cézanne, Vuillard, Bonnard, Hammershoï, Van Gogh sans oublier l'architecture spectaculaire de la gare d'Orsay, un chef d'œuvre en lui-même avec ses horloges géantes, ses espaces grandioses peuplés de sculptures dont celles de Rodin. Ces quelques heures passées dans ce lieu mythique constituent déjà un voyage initiatique dans une Europe culturelle au passé artistique si précieux à mes yeux.  L'après-midi, j'ai revu le Panthéon en m'inclinant devant mes chers écrivains : Voltaire, Rousseau, Zola, Malraux, Dumas. Vite, notre Président devrait honorer des femmes de lettres ! Je lance un appel pour mes deux Marguerite, Yourcenar et Duras. Ces dames mettraient une sacrée ambiance dans la crypte. Mais, elles n'ont pas marqué notre Histoire de France comme tous les militaires, les hommes politiques, les scientifiques de haute volée. J'ai admiré les vitrines-sculptures d'Anselm Kiefer sur la guerre de 14, qui racontent avec émotion la disparition de tous ces soldats inconnus. Une journée à Paris ne se mesure pas en heures quotidiennes mais en instants forts et passionnants devant tant de beauté. On dit souvent que Venise est un musée à ciel ouvert. Paris avec la Seine, son architecture harmonieuse, ses ponts et son ciel et ses monuments rejoint ma belle cité italienne.