jeudi 4 avril 2024

Escapade à Venise, Isola Di San Giorgio Maggiore

 L'île de San Giorgio Maggiore, située face au Palais des Doges, a connu son heure de gloire pendant la République de Venise car elle contrôlait les navires qui rentraient et sortaient de la ville. Dès 790, une église s'est construite, suivie d'un couvent mais un tremblement de terre a détruit ces édifices. A la fin du XVIe, les habitants de l'île ont reconstruit une église et un couvent. La ténacité, l'obstination des Vénitiens pour se maintenir sans cesse sur ces terres parfois hostiles tient du miracle. Au XIXe siècle, le vieux couvent est transformé en caserne qui survivra jusqu'à 1945. Un entrepreneur mécène, Giorgio Cini, achète le terrain et la caserne pour transformer ces ruines en centre d'art. Je me suis inscrite pour une visite guidée le samedi en fin d'après-midi. Avant de pénétrer dans ce lieu magique, j'ai visité l'église San Giorgio Maggiore, entièrement dessinée par Palladio en 1565. Il a fallu une quarantaine d'années pour la construire. Façade en pierre d'Istrie, colonnes de style corinthien, deux statues des doges, tout rappelle l'Antiquité grecque puis à l'intérieur, deux oeuvres remarquables du Tintoret : La Cène et une Récolte de la Manne. Ensuite, une guide nous a reçus (nous étions une petite dizaine) pour visiter la Fondation Cini. Cet ancien couvent bénédictin de Palladio est un havre de paix absolu. J'étais frappée par le silence de ce lieu, un silence sacré. Nous avons traversé le labyrinthe des haies, baptisé Borgès en hommage au célèbre écrivain argentin, puis les deux cloîtres magnifiques avec des cyprès au milieu. L'escalier monumental donnait sur le réfectoire des moines et ensuite, j'ai vu les deux bibliothèques de la Fondation. La première, la Longhena, se compose de meubles d'époque, surmontés de statues en bois sculpté. L'autre, une bibliothèque historique, la Manica Lunga, possède plus de 15 000 livres d'art, d'histoire et de culture sur la civilisation vénitienne. En tant qu'ancienne bibliothécaire, je ne peux qu'admirer ces temples du savoir, si beaux, si sereins dans un décor de rêve. Je m'imaginais travaillant dans cet espace préservé des dégâts de la modernité sans âme. Venise recèle des trésors cachés et cette Fondation Cini avec ces cloîtres et ses bibliothèques patrimoniales mérite vraiment le détour mais chut, il ne faut pas trop le clamer fort. Laissons ce lieu sacré loin de la foule des touristes...