mercredi 12 juillet 2023

"La Famille", Naomie Krupitsky

Paru en novembre 2021 aux Etats-Unis, ce premier roman, "La famille" de Noamie Krupitsky, a connu un succès fulgurant, un phénomène rarissime pour une écrivaine inconnue. La maison Gallimard le publie à son tour dans l'excellente collection, "Du monde entier". Tous les ingrédients du roman se mélangent pour composer une saga très séduisante : le milieu sulfureux de la Mafia, l'amitié soudée entre deux petites filles, une écriture subtile et la densité du sujet. L'écrivaine s'est inspirée de Mario Puzo, auteur du "Parrain", publié en 1970 et de la série culte, "Les Soprano". Elle a situé cette histoire dans un New York du début du XXe siècle, de 1928 à 1948, quand les immigrants venus du monde entier reconstituent des communautés, les unes à côté des autres. Deux amies, Sofia et Antonia,  grandissent au sein du clan, "La famille", d'origine sicilienne. Leurs pères respectifs travaillent pour la Mafia sans le dire vraiment à leurs filles. Elles ressentent bien leur exclusion à l'école, leur marginalisation et cet ostracisme feutré renforce leur lien. Comment fonctionne la mafia ? Sous forme de protection d'un commerce en échange d'une contribution, des trafics d'alcool, de drogue, etc. La corruption atteint des couches de la société : policiers, politiques, syndicalistes. Cette pieuvre gangrène une partie de la population. Ce sont des hommes qui s'occupent de ces affaires sensibles et glauques. Les femmes restent cantonnées dans leur maison et s'occupent des enfants en fermant les yeux. Sofia, l'intrépide et Antonia la sage, fréquentent la même école, partagent repas et sorties et se voient sans cesse. Leurs mères encouragent cette amitié jusqu'à leur maturité. Mais, la vie va peu à peu les séparer. Pourtant elles poursuivent la tradition familiale en épousant chacune un "soldat" de la "Famille". Ce roman puissant et romanesque se lit avec plaisir et l'on suit les états d'âme des deux personnages féminins avec beaucoup de curiosité. Sofia va basculer dans la violence du clan en prenant la place de son père. Antonia sera plus tourmentée par ce monde dangereux se souvenant de l'exécution de son propre père par ses collègues sans scrupules. Naomie Krupistky évoque avec un talent certain la problématique de la "secte" maffieuse entre le besoin de protection et l'aspiration d'une délivrance. Cette fresque familiale se lit d'une traite !