jeudi 8 mars 2018

La journée internationale des droits des femmes

Ce 8 mars, je pense aux femmes, à toutes les femmes françaises et étrangères, à mes grands-mères comme aux petites filles d'aujourd'hui. Nous avons parcouru un chemin extraordinaire depuis cinquante ans : droit de vote en 1944, ouverture d'un compte bancaire en 1965, contraception et droit à l'avortement (loi Veil) en 1975, la parité en politique sous Jospin en 2000. Evidemment, je ne vais pas évoquer tous les droits acquis et j'ai cité les avancées les plus symboliques. J'ai participé activement aux luttes des femmes de 1975 à 1982, dans une euphorie "sororale" qui a marqué profondément ma jeunesse. J'avais ouvert une librairie indépendante à Bayonne, rue Marengo, à côté du Musée basque dans un quartier populaire. Militer pour les droits des femmes dans ces années là me semblait légitime, normal, essentiel. J'avais toujours senti que la société favorisait les garçons et le carcan patriarcal m'insupportait. Mes lectures m'ont influencée et ont nourri mon engagement féministe. Virginia Woolf, Simone de Beauvoir, Benoite Groult, Annie Leclerc, Gisèle Halimi, Marie Cardinal et bien d'autres écrivaines ont forgé mes convictions féministes : l'égalité totale entre les hommes et les femmes, liberté sexuelle, émancipation politique. Je proposais à mes client(e)s, des tables et des rayonnages sur la cause féminine et à cette époque là, les éditeurs ont accompagné cette immense et belle révolution. Je me souviens de certaines collections emblématiques comme celle de "Femmes" chez Denoël, la presse féministe, les revues militantes. Et les Editions des Femmes sont nées en 1973 avec Antoinette Fouque, l'une des trois femmes, créatrices du MLF, le mouvement de libération des femmes. Ma librairie diffusait tous les livres de cette maison d'édition, unique au monde. La lutte des femmes aurait pu s'éteindre, s'effacer et se perdre dans les méandres de la société. Antoinette Fouque a compris que le féminisme ne devait pas s'enfermer dans le politique, il lui fallait s'épanouir dans la culture, dans l'art et dans la littérature. La fierté des femmes s'est donc manifestée dans cette aventure éditoriale d'exception. Le féminisme traditionnel évoquait la condition des femmes dans une dimension victimaire : femmes battues, violées, enfermées, méprisées, malmenées. C'était une première étape qu'il fallait vivre et dénoncer. La deuxième étape a été symbolisée par un féminisme conquérant, heureux, épanoui où les femmes sont devenues libres, indépendantes, émancipées sans oublier que les hommes (hélas pas tous) ont aussi beaucoup changé dans un souci d'égalité, inscrite dans la loi. Le patriarcat recule en Europe et aux Etats-Unis mais, n'oublions pas les femmes des autres continents qui sont loin de vivre notre condition. La journée internationale du 8 mars sert à réactiver le combat sans fin des femmes qui ont seulement envie de vivre tout simplement comme des individus libres et égaux... Cette "parole de femme" (titre d'un livre d'Annie Leclerc), j'avais envie de la saisir pour témoigner de cette époque fabuleusement excitante...