lundi 6 février 2017

"Comment marchent les philosophes"

Roger-Pol Droit "vulgarise" depuis longtemps la philosophie. Le verbe "vulgariser" porte en lui une ambiguïté négative mais, la philosophie n'a rien de commun avec la vulgarité. Les purs esprits philosophiques ont parfois tendance à réserver pour eux-mêmes le monde des idées. Mais, avant de lire directement les grands philosophes dans leurs textes parfois difficiles à lire, il est préférable de prendre des chemins de traverse pour approcher à petits pas ce monde abstrait. L'ouvrage, "Comment marchent les philosophes", raconte à travers 27 chapitres courts, le rôle de la marche dans la vie des philosophes. D'Aristote dans son gymnase du Lycée à Kant dans sa promenade quotidienne à Königsberg, de Rousseau traversant la France à Nietzsche cheminant sur les crêtes de Sils-Maria, ces hommes (pas de femmes, comme d'habitude), pensent en marchant ou marchent en pensant... Roger-Pol Droit définit la marche ainsi : "Ce retour à la marche longue nous réinsère dans la nature, dans la lenteur de la progression corporelle, dans l'endurance des muscles et du souffle. Cette marche nous réintègre dans le paysage, nous fait prendre conscience concrètement des reliefs, des distances, des sols. Elle nous rend aux rythmes anciens, profonds, cosmiques, à la fatigue des déplacements, à la récompense des panoramas." L'auteur relie la marche à la pensée dans un même mouvement de "chutes et redressements permanents". Pour illustrer la démarche, (dé-marche), Roger-Pol Droit invite le lecteur(trice) à visiter une galerie de marcheurs philosophiques et à chaque portrait, il distille des informations très claires sur la pensée antique et sur les Modernes. L'auteur n'oublie pas les marcheurs d'Orient avec Bouddha, Confucius et d'autres moins connus. Ce livre-déambulation ouvre des fenêtres sur le monde de la philosophie et cette invitation à une promenade qui part du fond des âges à aujourd'hui, nous incite à d'autres rebonds dans les textes des philosophes choisis. La lecture ressemble à une marche mentale : de la première page à la dernière, du premier mot au dernier... Cet essai n'a que cette prétention : donner envie aux lecteurs(trices) de reprendre la marche physique et surtout de cheminer dans les textes philosophiques...