jeudi 1 février 2024

Haro sur Sylvain Tesson

 Une polémique est née récemment concernant Sylvain Tesson. Cet écrivain voyageur aux tirages exceptionnels (500 000 exemplaires pour "La Panthère des neiges") a été choisi par la directrice du Printemps des Poètes, Sophie Nauleau, pour parrainer cette manifestation (elle a démisionné depuis). Un honneur pour lui et pour la poésie. Quelques jours plus tard, un quotidien français diffuse une tribune signée par mille deux cents poètes, écrivains, libraires, éditeurs s'opposant à cette nomination contestable à leurs yeux, car disent-ils, Sylvain Tesson représente une tendance politique honnie et insupportable, l'extrême droite. Il a soi disant écrit une préface à un roman de Jean Raspail, (ce qui est faux) et il fréquenterait des amis de la sphère "Bolloré", etc. Ce milieu littéraire, très soucieux d'une morale républicaine sans faille, ne supporte plus les écrivains libres, solitaires et indépendants de tous les dogmes. Sylvain Tesson ressent certainement une envie de fuite depuis des lustres devant tant d'embrouilles politiciennes. J'ai entendu récemment une émission sur France Culture, "Signes des temps" avec l'excellent Marc Weitzmann. Il avait invité des signataires de la tribune et des défenseurs de Sylvain Tesson. Une jeune poétesse et un écrivain inconnu dénonçaient l'emprise de l'extrême-droite dans les médias. Leur paranoia anti-fasciste les rendaient nerveux et agressifs et leur haine de cet écrivain baroudeur semblait outrancière et bien inquiétante. William Marx, un grand spécialiste inconstestable de la littérature, prônait la liberté des écrivains, une liberté indispensable, totale pour la création littéraire. Nul besoin de porter le drapeau de tel ou tel mouvement politique engagé. On a encore le droit en France de préferer la légéreté d'être à la Milan Kundera à la loudeur des sectaires à la Annie Ernaux (hélas) ! Les lecteurs et les lectrices peuvent encore choisir leurs lectures sans penser aux penchants politiques des écrivains et écrivaines. Donc, il faudrait mettre dans "l'enfer" des bibliothèques et des librairies ceux et celles qui osent penser par eux-mêmes sans tenir compte des engagements politiques. Plus de Baudelaire, le libertaire, de Céline l'antisémite, de Chateaubriand, le royaliste, de Flaubert, l'élitiste, de George Sand, l'anticommunarde, etc. Sylvain Tesson appartient à la catégorie des hommes qui ressentent une nostalgie du passé. Cette tribune insensée et injuste l'accuse d'être réactionnaire, passéiste, misanthrope. Et alors ? Ont-ils lu quelques lignes de ses ouvrages ? En aucun cas. Dans "La panthère des neiges", l'écrivain vagabond, préfère la géographie à l'histoire, la solitude à la multitude, la nature aux villes. Sa vision de la vie s'avère poétique et non politique. Point final. Si j'étais Sylvain Tesson, je tournerais le dos au Printemps des Poètes et je partirais en voyage, un long voyage loin de la France et loin des tribunaux médiatiques intolérants. S'attaquer à un écrivain quelque soit ses idées montre bien l'intolérance de ce petit milieu parisien nombriliste. Pour ma part, je ne censure pas Sylvain Tesson et je continuerai de le lire en toute liberté !