lundi 10 août 2015

Ma bibliothèque, 2

Les beaux livres logés avec plaisir dans deux meubles en bois de hêtre, fabriqués maison, me rappellent des souvenirs liés aux voyages, aux visites des musées et aussi à mon ex-vie professionnelle de bibliothécaire. J'évoque tout de suite mon admiration totale pour une femme peintre d'origine portugaise, Vieira da Silva, une amie de René Char. Elle a vécu en France dès sa jeunesse et n'a jamais voulu repartir dans sa patrie de naissance. Elle fait partie d'un mouvement pictural, l'abstraction figurative, et malgré son génie, n'est pas connue du grand public. Je collectionne tous les livres sur elle depuis des années et je suis même allée à Lisbonne pour visiter le musée qui réunit la plupart de ses toiles et celles aussi de son compagnon de vie, peintre hongrois, Arpad Szenes. Elle m'intéresse beaucoup pour l'hommage qu'elle rend dans ses tableaux,  aux bibliothèques et j'aime sa discrétion artistique, sa modestie d'ouvrière de l'art. C'est peut-être elle qui m'a fait aimer la peinture moderne. Evidemment, j'ai aussi des livres d'art sur toutes les époques : les natures mortes du XVIIe, la peinture romaine, l'art grec, l'art étrusque, la peinture italienne (dont le Musée imaginaire de Paul Veyne), le Journal de l'art abstrait, des catalogues des musées visités, etc. Je collectionne aussi les livres sur les... livres, l'histoire des bibliothèques, de l'écriture, de la poésie, sur la littérature (Proust, Perros, Char, etc). Une bibliothèque reflète la vie de son propriétaire. J'ai conservé précieusement quelques ouvrages, hérités de ma mère, disparue depuis cinq ans. Elle collectionnait tous les parutions sur la cuisine et j'ai gardé "Colette gourmande", "La cuisine retrouvée de Proust", de Giono. Quand je les feuillette, je revois ma mère fureter sa documentation culinaire pour nous préparer un bon petit plat... Tous mes livres me racontent des histoires de vie, ravivent ma mémoire et me consolent du temps qui passe trop vite...