jeudi 24 janvier 2013

Rubrique cinéma

J'ai vu le film de Philippe Le Guay, réalisateur des "Femmes du 6ème étage", que j'avais bien apprécié l'année dernière. Fabrice Lucchini et Lambert Wilson dans "Alceste à Bicyclette" se partagent les rôles d'un comédien misanthrope et d'un comédien socialement complaisant. Le personnage de Lambert Wilson essaie de convaincre son ami solitaire et revenu de tout, de revenir sur les planches en interprétant Alceste et Philinte à tour de rôle. Il y  a aussi le décor naturel de l'Ile de Ré avec ses petites maisons qui valent des fortunes, ses pistes cyclables, ses marais, ses ports, ses plages et son climat océanique quelque peu pluvieux... Philippe Le Guay rend hommage au théâtre surtout, en utilisant la pièce de Molière "Alceste", véritable enjeu du film et de la relation amicale de ces deux acteurs. L'un est féru de culture classique et respecte les alexandrins de Molière jusqu'à leur déclamation, rythmée sur douze pieds. L'autre se veut plus moderne, adapte le classique à la modernité, adore la célébrité et le public. L'un veut se retirer du "jeu social" et dire la vérité même blessante. L'autre compose, s'adapte, accepte un rôle de chirurgien dans un téléfilm et apprécie que tout le monde le reconnaisse. Ce duo se transforme en duel au fil du film. Pourtant, ils se retrouvent autour du texte de Molière et répètent sans cesse la scène 1 de l'acte I sans lasser le spectateur. Une voisine italienne, en instance de divorce, va s'intégrer dans ce huis clos théâtral en apportant une touche "romanesque" et le personnage de Lucchini commence à s'attacher à elle. Philinte-Lambert Wilson va-t-il réussir son pari ? Alceste-Lucchini est-il prêt à rebondir ? Allez voir ce film pour trois raisons :  écouter du Molière, suivre le jeu parfait des comédiens et se balader dans l'Ile de Ré sans la cohorte des touristes...