dimanche 6 mai 2018

Atelier de lectures, 3

Danièle et Janelou ont lu "Les désarrois de l'élève Torless" de Robert Musil (1880-1942), un grand écrivain autrichien qui a marqué la littérature européenne avec son grand roman philosophique, "L'homme sans qualités". Ce roman d'éducation, publié en 1906, raconte les tourments d'un garçon, pensionnaire dans un collège huppé quasiment militarisé. La cruauté et la brutalité règnent entre les élèves et préfigurent les aberrations de l'époque nazie. L'écrivain évoque la sexualité trouble de ces pensionnaires frustrés. La conscience de l'élève Torless s'éveille en découvrant le côté sombre et pervers de ses collègues. Un grand classique selon nos deux lectrices convaincues. Geneviève a présenté "Les règles d'usage" de Joyce Maynard. Wendy, 13 ans, vit à Brooklyn. Sa mère part travailler et ne revient pas. C'est le 11 septembre 2001... L'adolescente incrédule et traumatisée tente de se reconstruire auprès de son père biologique qu'elle connaît à peine. En Californie, elle fait des rencontres étonnantes : une mère adolescente, un libraire lumineux et son fils autiste, un jeune marginal. Son foyer new-yorkais lui manque, mais, son séjour californien va aider Wendy dans cette nouvelle étape de sa vie. Ce coup de cœur se lit avec beaucoup d'intérêt. Marie a bien apprécié "La solitude des nombres premiers" de l'écrivain italien Paolo Giardano, publié en 2008. Alice, une jeune fille anorexique, est handicapée par un accident de ski dont elle rend son père responsable. Elle se lie d'amitié avec Mattia, un jeune surdoué des mathématiques qui se scarifie les bras pour se punir d'avoir abandonné sa sœur jumelle dans un parc. Ils vont s'engager dans une relation complexe entre amour et haine. Un roman original et dense. Janine a évoqué "L'année de l'éveil" de Charles Juliet. Un petit paysan se retrouve enfant de troupe. Il quitte son enfance et s'éveille à l'adolescence en subissant le froid, les bagarres, la faim, le manque d'affection, le sadisme de certains sous-officiers. Cette expérience extrême marquera Charles Juliet et fera de lui le bel écrivain qu'il est devenu. Sylvie a lu avec intérêt "Frankie Addams" de Carson McCullers (1917-1967). Cette grande romancière du Sud des Etats-Unis raconte la crise de l'adolescence à travers le journal intime de Frankie Addams, une jeune fille mal dans sa peau, mal dans sa tête. Elle vit avec un père veuf, souvent absent à cause de son petit commerce d'horlogerie. Entre une nounou et un petit cousin, l'adolescente s'ennuie dans cette ville de province. Elle s'invente un amour inconditionnel pour son frère et sa belle-soeur car elle veut partir avec eux. Sa solitude poignante la rend vulnérable et elle finit par fuguer tellement elle veut changer sa vie. L'écrivaine américaine pose à travers ses œuvres dont "Le cœur est un chasseur solitaire" cette question lancinante : comment passer de l'enfance à l'âge adulte sans souffrir ? Un classique sur les tourments de l'adolescence et un portrait émouvant d'une jeune fille en pleine métamorphose.  Avec ce sujet universel et sensible, les lectrices ont vraiment répondu à ma proposition et j'en suis ravie !