jeudi 26 janvier 2023

Rubrique Cinéma : "Nostalgia"

 Un beau titre pour ce film, "Nostalgia" de Mario Martone qui passe actuellement à l'Astrée. La nostalgie vient du grec ancien "nostos" le retour et "algos" la douleur. Ce mal du pays étreint le personnage principal, Felice Lasco, qui revient dans son quartier natal de Rione Sanita, l'un des plus misérables de la ville après quarante ans d'absence. Il a fui Naples à l'âge de quinze ans. Chef d'entreprise dans le bâtiment, il a vécu au Liban et en Egypte. Il retrouve sa mère très malade dans un appartement insalubre au rez-de-chaussée alors qu'elle habitait dans un étage. Un nom surgit dans la conversation : le redoutable Oreste Spasiano, le chef de la camorra qui règne dans le quartier. Felice en fils aimant, s'occupe de sa mère, la soigne, trouve un nouvel appartement pour la loger. Felice reste discret sur sa conversion à l'islam. Il a perdu les codes de son pays natal et même son vocabulaire. Il se lie avec le prêtre de la paroisse qui lutte contre Oreste. Le rôle de la religion est très prégnant dans la ville. Ce prêtre, véritable héros, aide tous les jeunes du quartier qui choisissent plus souvent la marginalité violente qu'un chemin honnête. Le réalisateur raconte une ville gangrenée par la Mafia et ce prêtre représente l'espoir pour ce quartier abandonné par l'Etat. Felice veut revoir Oreste, son meilleur ami de l'époque pour solder un passé complexe. Au fil du récit, le secret de Felice se dévoile car on apprend que les deux adolescents ont commis un vol et Oreste a tué un homme lors de ce forfait. Alors qu'ils se retrouvent enfin, Oreste reproche à Félice de l'avoir abandonné. Il avait vécu cet abandon comme une trahison irréparable. Felice a fui Naples grâce à un oncle qui vivait au Liban. Lui a eu un destin loin du crime alors qu'Oreste n'a jamais échappé à la violence. Ce film rappelle le mythe d'Abel et de Caïn doublé d'une tragédie grecque. Alors que Felice s'imagine vivre de nouveau dans sa ville natale avec sa compagne égyptienne, il croise Oreste dans une rue obscure de Naples. Vont-ils faire la paix ou la guerre ? Il faut aller voir le film pour connaître la fin. Le héros, incarné par Pierfrancesco Favino, voit son rêve de retour impossible. Les images de Naples sont omniprésentes : son désordre urbain, sa misère sociale, sa violence endémique. Mais aussi, sa vitalité, sa folie, sa beauté. Un beau film sur une ville mythique, une tragédie italienne où les passions humaines sont exacerbées.