mercredi 22 avril 2015

Littérature au féminin, 6

Je terminerai mon compte-rendu sur la littérature au féminin par deux femmes amoureuses : Marguerite Duras et Françoise Sagan. Marguerite Duras n'a plus besoin d'être présentée tellement son œuvre a rencontré son public. Elle a pris légitimement sa place dans le Panthéon de la Pléiade et, même si elle n'a pas eu l'influence de Simone de Beauvoir dans la vie des femmes, elle a suivi son propre chemin en littérature en représentant une avant-garde d'exception dans les lettres françaises. Elle est née en 1914, à Saigon,  car ses parents sont instituteurs et ont voulu réussir en Indochine. Mais, ils se ruinent et Marguerite retourne à Paris où elle suit des études de droit.  Elle se marie avec Robert Antelme (un grand Résistant arrêté et déporté). Sa vie va alors suivre une courbe littéraire singulière et une ligne politique à gauche. En 1950, son roman "Un barrage contre le Pacifique" rencontre un succès immédiat. Plus tard, elle se lancera dans le cinéma, le journalisme dans Libération, préside le prix Médicis, s'engage pour la décolonisation, l'avortement, défie la droite au pouvoir.  Elle traversera des épreuves difficiles comme son alcoolisme récurrent et trouvera un dernier compagnon en la personne de Yann, dont elle a 38 ans de plus. Ecrire et aimer ont été les deux grandes affaires de sa vie. Ses romans ont gardé une modernité avant-gardiste. Pour la connaître mieux, il faut lire "Le Barrage contre le Pacifique" en priorité, "Les petits chevaux de Tarquinia" et tous les ouvrages publiés chez Minuit dans lesquels, elle déconstruit le style, le sujet, les personnages. Elle peut agacer, déplaire, crisper mais, dès qu'elle apparaissait à l'écran, sa présence magnétique subjuguait et sa parole toute perlée de fulgurances fascinait. Au fond, cette femme écrivain, pétrie de désespoir, était une grande romantique. Une femme exceptionnelle, étrange, libre et sauvage, amoureuse et détruite, un voix géniale de la littérature au féminin...