lundi 5 septembre 2011

"Les mots de ma vie"

Bernard Pivot a donc écrit un abécédaire où le lecteur peut glaner des souvenirs personnels et professionnels de notre "animateur" de télévision, animateur littéraire, toujours de bon goût et d'une modestie à faire rougir toutes les stars du petit écran. La pudeur du personnage reste une constante dans ce livre malgré quelques regrets de sa part : la lecture quotidienne lui prenait des heures et des heures et l'isolait de sa famille et de ses amis. Mais, sa rigueur et son honnêteté exigeaint un travail permanent pour se retrouver en face d'écrivains, d'essayistes, de politiques qu'il interrogeait avec sérieux et aussi avec un esprit malicieux qui passait très bien à la télévision. J'ai apprécié son livre dans les passages sur la littérature, son métier de critique, son enfance et sa jeunesse dans le Beaujolais, son goût typiquement français pour le vin et la cuisine, son côté "lyonnais" fait de mesure, de retenue et de discrétion. Je retiens aussi son amour inconditionnçel pour la langue française, les mots oubliés, l'étymologie, le vocabulaire, la grammaire... Il se confie avec plaisir sur cette passion du langage, comme un ouvrier sur son établi, comme un boulanger dans son fournil, comme un bijoutier dans son échoppe... Bernard Pivot est un homme gourmand. Il nous parle aussi des femmes, de l'amour, de l'amitié : un bon vivant même si, de temps en temps, il se voit "ronchon" à la moindre contrariété. Son livre-aubiographie se lit avec plaisir. C'est vrai qu'il ne dévoile pas de grands secrets, ni d'anecdotes "cocasses" sur les écrivains. Je tiens à le remercier d'avoir "mis" en vitrine audiovisuelle les visages des hommes et des femmes qui consacrent leur vie à l'écriture, aux livres et à la littérature... Bernard Pivot est un homme qui s'est toujours trouvé "ordinaire" mais qui a eu la chance de croiser la route de centaines de créateurs d'univers en papier... Je salue son dévouement total pour la chose écrite et les livres. J'éprouve comme beaucoup de lecteurs de ma génération la nostalgie d'Apostrophes, de Bouillon de culture, du Double Je... Décidément, il a bien montré que nous avons vécu un "âge d'or" de la télévision, un peu moins spectaculaire qu'aujourd'hui et beaucoup plus curieuse de culture littéraire !