mercredi 4 juillet 2018

Au bord du lac, l'été

D'habitude, je me balade au bord du lac du Bourget en début d'après-midi. L'été, je m'abstenais de ce plaisir car je fuis en général la foule des badauds et des baigneurs. J'ai donc choisi le matin pour retrouver mon beau lac savoyard, l'un des plus beaux de France. J'ai tout de suite constaté la tranquillité du lieu, investi seulement par quelques joggers. Les Mottets, Terre nue et l'esplanade du Viviers resplendissaient sous un soleil doux et caressant. La lumière inondait le paysage sous un ciel bleu profond. Quelques petits nuages blancs s'accrochaient encore sur la Dent du Chat. Comme les voitures émettent encore des ondes sonores désagréables, j'utilise mon MP3 pour écouter mes morceaux favoris comme le Stabat Mater de Pergolèse et la musique sublime de ce compositeur élimine le bruit environnant. Quand je traverse les Mottets, je remarque tout de suite la présence des lapins sauvages qui sortent des fourrés mais, dès qu'ils vous aperçoivent, ils détalent dans leurs cachettes. Plus loin, sur le quai du port de Terre Nue, un couple de cygnes dormaient avec leurs six petits et formaient un tableau familial attendrissant. Quand je longe les plages du Lido, j'aperçois dès onze heures du matin quelques baigneurs(ses) installé(e)s sur leur serviette de plage. Et certain(e)s tiennent un livre à la main. Quel plaisir de voir ces tableaux vivants : une lectrice et son livre mystérieux. Je n'arrive pas à voir le titre du roman, mais je sais que l'écrit tient encore la distance. Livre ou smartphone ? J'ai peur qu'un jour, le deuxième surpasse le premier… Les lecteurs vont devenir des héros anonymes, des Don Quichotte du papier. J'ai un souvenir d'Anglet où une jeune fille lisait "Un cœur simple" de Flaubert. Elle était couchée sur un muret et semblait dévorer ce texte. Je me disais que la lecture des classiques n'avait pas encore disparu. J'ose penser que les livres seront encore des compagnons doux et silencieux que l'on glisse dans les valises estivales. Cette vision de la jeune fille avec Flaubert m'a redonné le goût des classiques contemporains et cet été, je vais relire les "Mémoires" de Simone de Beauvoir, le "Labyrinthe du Monde" de Marguerite Yourcenar et un roman de Virginia Woolf, "Traversée". J'ai oublié de citer mon cher Quignard avec son premier tome du "Dernier Royaume", "Les Ombres errantes", publié en 2002. Des retrouvailles heureuses dans la quiétude de l'été.