jeudi 23 septembre 2021

Escapade sicilienne, Raguse

 Dès que je suis arrivée à Raguse, la vue de la cité perchée sur la colline est à couper le souffle. La ville est partagée en deux zones : Ibla la médiévale et Ragusa-Nuova, la baroque. Le séisme de 1693 a frappé la ville et l'a détruite en grande partie. J'avais réservé une chambre dans un ancien monastère, l'Antico Convento dei Cappuccini, reconverti en hôtel et la décoration chic et sobre a transformé ce lieu austère en lui donnant une touche vraiment originale. Les cellules composant le monastère conservent leur aspect ancien et les nouveaux propriétaires ont eu la délicatesse de ne pas effacer les inscriptions religieuses sur les portes des chambres. J'appréciais le respect des traditions dans ce changement inéluctable où la modernité détruit souvent les traces anciennes des édifices. Bientôt les églises catholiques deviendront des hôtels à cinq étoiles... Et l'Italie, pourtant catholique pratiquante, cède au changement sociétal. Mon hébergement était située dans le jardin Hybléen (Giardino Ibleo) qui domine la vallée. La terrasse et les allées ombragées par des palmiers magnifiques apportent un aspect paradisiaque à ce lieu. Trois églises de style baroque cohabitent dans cet espace ravissant : San Vincenzi Ferreri, San Giacomo et celle du Convento dei Cappuccini. Près de ce jardin, j'ai observé le portail de San Giorgio Vecchio de style gothique et dernier témoin d'une église détruite par le séisme. Le Duomo San Giorgio, construit en 1775, domine la place centrale et en montant vers les escaliers majestueux de l'édifice, j'ai remarqué un ravissant petit pavillon du XIXe baptisé sur sa façade, "Circulo di conversazione"  ou cercle de la conversation. Ces cercles apparaissent en Sicile au XVIIIe et deviennent des lieux d'identification sociale. Ces associations professionnelles étaient des creusets d'idées nouvelles et certaines ont été interdites par les pouvoirs successifs. Raguse est aussi réputée par sa gastronomie et je n'ai pas résisté à cette opportunité le soir au restaurant du couvent où j'ai dégusté une soupe aux poissons délectable. Cette partie de la Sicile baroque demande une endurance physique soutenue et un entraînement sportif régulier. Avec une chaleur estivale permanente, la marche devient parfois un peu pénible. Mais il faut bien souffrir un peu pour apprécier ces cités perchées aux marches innombrables. Noto et Raguse m'ont vraiment séduite pour leur harmonie architecturale, leur minéralité ocre, leurs églises et leur authenticité. En ces temps de Covid où il faut montrer son passe sanitaire (sauf dans les terrasses de restaurant), il y avait très peu de touristes étrangers (très peu de Français). Une aubaine rare à déguster sans modération.