mardi 10 janvier 2023

"La mort d'un père", Karl Ove Knausgaard

Je connaissais de réputation cet écrivain norvégien, Karl Ove Knausgaard, le nouveau "Proust" contemporain. Né à Oslo en 1968, il a étudié l'art et la littérature à l'Université de Bergen. A vingt ans, il publie son premier roman et démarre sa carrière d'écrivain, saluée par la critique littéraire de son pays. Entre 2009 et 2011, il écrit sa grande saga personnelle, "Mon combat", constituée de six tomes de "La mort du père" à "Fin de combat". A l'origine de ce cycle autobiographique, l'écrivain voulait surtout évoquer la figure paternelle : "Depuis des années, je voulais écrire sur la mort de mon père. J'ai tout essayé. Rien ne fonctionnait. C'était comme si je n'y croyais pas. Et puis, j'ai commencé à écrire quelque chose de totalement différent, une sorte de confession, où je disais tous les secrets que je n'avais jamais racontés". Plus loin, il ajoute : "C'était exactement cela, le point de départ du roman. Je voulais dépeindre le quotidien, tout ce qui, d'habitude, n'est pas littéraire. De la sorte, le livre tente d'exorciser le monde réel". Ma curiosité de lectrice passionnée m'a convaincue que je devais prendre le chemin vers cet écrivain. Quand j'ai vu l'exposition sur Munch à Paris, j'avais remarqué un ouvrage sur le peintre, signé de Karl Ove Knausgaard, "Tant de désir pour si peu d'espace". L'auteur a aussi reçu le prix Médicis du meilleur livre étranger pour "Fin de combat" en 2020. J'ai donc acheté le premier tome du cycle, "La mort du père" et dès les premières pages, j'ai adhéré à ce projet ambitieux de tout dire. Il a pris des risques personnels en évoquant l'alcoolisme de son père, ce qui a fracassé les membres de sa famille. Il a été traité de "Judas" et de "violence morale" en relatant la mort de son père, tuée par l'abus d'alcool. Son réalisme pointilliste dérange les critiques qui parlent de son "nombrilisme". Dans ce premier tome, il raconte son enfance à l'ombre d'un frère solaire, d'une mère absente qui finira par demander le divorce. Son père assez froid assume son rôle avec le sens du devoir mais il se met très souvent en colère. Il décrit son adolescence, les rencontres amicales et amoureuses, la passion du rock, le clan familial. Ce voyage ultra affectif de son passé et de son "moi" tourmenté d'adolescent montre aussi la lente maturation de sa personnalité. La description clinique de sa vie quotidienne ne suffirait pas à maintenir l'intérêt d'une telle démarche. Le texte est traversé de méditations sur la vie, sur la mort, sur les relations familiales et sur l'amour. Je m'apprête donc à lire les cinq tomes pour vivre une certaine lecture expérimentale, ce qui est loin de me déplaire...