lundi 9 juillet 2012

Barbara, la sublime

L'atelier d'écriture s'est donc achevé le mardi 26 juin et reprendra certainement en début octobre. Pour la dernière séance, Mylène avait préparé une thématique autour de la chanson. Chacune d'entre nous avait des airs dans la tête et des chansons ont fusé de la bouche des "téméraires" qui se sont mises à reprendre des refrains de chansons traditionnelles et modernes. L'ambiance était au beau fixe, un air de vacances avait envahi la salle de la Maison de quartier... Mylène nous a proposé d'écrire une chanson ou un texte concernant un souvenir lié à la musique. Voici mon souvenir :
"Barbara,
Dans ma jeunesse, j'avais comme beaucoup d'enfants des idoles : Adamo, Claude François, tous les yé-yés de l'époque, âge tendre et tête de bois. En franchissant les portes de l'adolescence, je me suis mise à écouter les textes et les "33 tours" ont envahi ma chambre : Brassens, Brel, Nougaro, Reggiani sans oublier la sublime Barbara... Ah, Barbara, elle m'a accompagnée pendant de nombreuses années. J'avais 18, 20, 25 ans et je ne manquais aucun concert entre 1975 et 1985... Après ma licende de lettres, je cherchais un emploi dans le "culturel" et une place d'employée de librairie m'a été proposé à Bayonne. Cette librairie, une vraie institution, s'appelait joliment "Le Livre". Elle était située en plein centre, proche du théâtre municipal et des hôtels confortables. Pendant que je rangeais des nouveautés sur les tables de la librairie, je vois rentrer une grande femme brune, habillée d'une robe longue et d'un châle, le visage caché par d'énormes lunettes noires. Je reconnus dans la seconde ma "Barbara". Elle me demanda le "Signoret", le livre de sa copine, "La nostalgie n'est plus ce qu'elle était", grand succès auprès du  public. Je lui tendais l'ouvrage. J'étais tétanisée, émue, une vraie groupie. Un ami l'accompagnait, peut-être un de ses musiciens et elle lui a offert un livre d'art.  Je lui ai avoué toute mon admiration en bafouillant et je lui ai accordé une remise sur les deux livres qu'elle a achetés. Ella a souri de ce cadeau modeste de ma part et elle est repartie, royale, comme son aigle noir, comme une déesse dans cette rue de Bayonne. Je l'ai suivie longuement du regard. Le soir, je savais que j'assistais à son concert et j'étais sous le charme de sa présence en scène. Quand elle a terminé son concert, je l'ai attendue à la sortie pour une dédicace. Je lui ai tendu le billet qu'elle a signé en me reconnaissant et elle m'a dit alors : "Ah, c'est ma petite libraire !" Ce souvenir de Barbara, je l'ai gardé en moi comme une rencontre lumineuse et précieuse. Et même aujourd'hui, j'éprouve une tendresse particulière pour cette femme généreuse, ombre et soleil à la fois, en un mot : sublime !