mardi 18 février 2014

Atelier d'écriture

Marie-Christine nous a proposé un exercice d'écriture sur les tissus. Elle nous a lu des passages du roman de Carole Martinez, "Le cœur cousu" et nous a demandé de récolter des mots concernant le tissu, la couture, les travaux d'aiguille, etc. Je n'étais pas très inspirée sur l'histoire d'un tissu mais j'ai pensé à ma mère, disparue en 2010, qui avait une passion dans sa vie après l'amour de sa famille, cette passion, c'était la broderie... Voici mon texte :
"Broder, dit-elle,
J'ai toujours vu ma mère broder des dizaines d'abécédaires, des paysages du Pays Basque, des coussins, des nappes, des napperons. Elle a consacré des milliers d'heures  pour réaliser ses œuvres de tissu, des œuvres d'art. Sagesse des femmes, prouesse des femmes, quel étrange amour pour ces pièces de coton blanc, ces aiguilles, ces fils de couleurs, ces boîtes à couture ! Pourquoi as-tu passé tant de temps à broder ? Et la couture ? Ah non, rapiécer, raccourcir, rallonger, couper, assembler, tous ces actes lui semblaient d'une banalité rare, d'une utilité sinistre et d'un ennui mortel. Elle avait l'impression de créer avec ses broderies toujours en chantier dans son panier. Elle se sentait une artiste de l'aiguille, du fil et des cotons de couleurs. Elle se réfugiait dans ces moments de silence et de concentration, un zen de l'esprit et un repos du corps. Ses escapades de broderies dans l'après-midi ressemblaient aux parties de pêche à la truite de mon oncle ou aux milliers de matchs de rugby de mon père. C'était sa "chambre à soi", son monde intime, doux et soyeux, elle incarnait une Pénélope des temps modernes. Elle vivait son heure de gloire quand on la félicitait d'avoir accompli un travail de titan à l'assaut des pièces à broder. Chacun de nous cherche son heure de gloire : pourquoi pas un tissu brodé pour une femme ? Je n'ai en aucun cas hérité des dons de brodeuse de ma mère et je me suis tournée très tôt vers les textes, la lecture, ce sont mes broderies de mots. Tissus ou textes, à broder ou à lire, à chacune sa passion."