samedi 6 mai 2017

Rubrique Cinéma

Dès que le cinéma se saisit de la littérature, je ne manque pas ce rendez-vous. Cet après-midi, j'ai vu "Emily Dickinson, a quiet passion" du réalisateur Terence Davies. Ce film britannique et belge raconte la bouleversante biographie de la poétesse américaine au cœur du XIXe siècle. Les premières images frappent tout de suite les spectateurs par une austérité voulue qui va "montrer" l'ambiance psycho-rigide d'un monde soumis à la religion protestante. La pauvre Emily étouffe dans le milieu patriarcal où les femmes ne connaissaient pas la liberté d'aujourd'hui. La famille Dickinson est réunie dans le salon : son père autoritaire et croyant rigoureux, sa mère toujours silencieuse, sa sœur et son frère proches d'elle. Emily demande à son père la permission de composer des poèmes dès trois heures du matin. Une femme ne doit pas se conduire ainsi dans ce monde ordonné à l'extrême. Les doutes métaphysiques d'Emily effrayent sa famille et choquent son entourage. Il ne se passe presque rien dans sa vie quotidienne. Emily s'abstrait du monde social et amical. Elle ne vit qu'avec ses parents et sa sœur. Au fond, le cinéaste raconte la "passion" (dans le sens religieux)  d'Emily : la poésie, sa seule et unique consolation dans ce monde si peu fait pour les femmes. Dans le journal Le Monde, le critique compare Emily à une "recluse" volontaire, une sainte laïque... Elle coud des petits carnets dans lesquels elle dépose ses poèmes. La poétesse n'était pas reconnue à son époque et quand, enfin, elle rencontre un pasteur qui apprécie son œuvre, sa vie en est justifiée. Le film montre aussi la disparition de ses parents et elle-même s'éteint dans des souffrances atroces (scènes un peu pénibles...). Terence Davies film avec émotion la personnalité attachante et entière d'Emily Dickinson, sa vie consacrée à la poésie, sa solitude absolue malgré la présence de ses proches. Il nous reste maintenant à lire les poèmes d'Emily...