mardi 13 août 2019

Rubrique cinéma

La météo a un peu changé de peau et s'est mise au frais depuis trois jours. J'ai profité de cette fraîcheur retrouvée pour aller au cinéma. J'ai donc vu "Les Faussaires de Manhattan" de la réalisatrice Marielle Heller. La formidable actrice, Melissa McCarthy, campe le personnage principal, Lee Israël, une biographe démodée qui n'intéresse  plus le monde littéraire. Le film se déroule en 1991 quand l'alcool coulait à flots dans les bureaux. Elle boit des verres de scotch pour oublier sa vie infernale, tissée de solitude et de pauvreté. Mal habillée, plus ronde que mince, mal coiffée, quinquagénaire isolée, Lee ne s'en sort plus. Pourtant elle a connu le succès avec une biographie sur Estée Lauder, et aujourd'hui, elle se heurte à l'indifférence de son agent quand elle veut entreprendre un travail sur une actrice oubliée du music-hall. Sa vie frôle la clochardisation et son petit appartement se poubellise peu à peu. Mais, malgré son amertume et sa déprime, elle conserve encore un amour pour la littérature et aussi un attachement excessif pour son chat qu'elle ne peut même plus soigner chez le vétérinaire. En désespoir de cause, elle vend son trésor, une lettre signée de Katherine Hepburn. Elle rencontre dans un bar une vieille connaissance, Jack Hock, un marginal homosexuel, esseulé comme elle et sans domicile fixe. Il survit avec la vente de cocaïne frelatée et quand Lee lui avoue qu'elle va écrire des fausses lettres autographes, il valide avec admiration ce choix peu scrupuleux. Elle commence à composer ses lettres en achetant des vieilles machines à écrire, du papier daté et elle réussit à vendre ces faux à des libraires naïfs ou malhonnêtes. Les deux comparses peuvent enfin vivre un peu mieux grâce à ce commerce illicite. Lee va même dérober des lettres dans une bibliothèque quand elle s'aperçoit qu'elle est suspectée d'en fabriquer des fausses. Jack sera son entremetteur auprès des libraires. Cette occupation lucrative va remettre Lee dans une vie acceptable avec la présence loufoque de son nouvel ami. Mais, les spécialistes des lettres autographes vont mettre fin à la production en prévenant le FBI. Lee sera arrêtée et mise à l'épreuve. Son ami souffre du Sida et n'est pas inquiété. Lee va donc comprendre qu'elle doit écrire sa propre biographie, une histoire vraie que la réalisatrice a adaptée au cinéma. Les deux personnages, ces deux "perdants" comme on dirait aujourd'hui, détiennent une part d'humanité faite d'empathie, de lucidité, d'humour et de mélancolie. Ce très bon film du cinéma indépendant mérite vraiment d'être connu et apprécié pour les années 90 à New York, le milieu littéraire moqué, des portraits à la Hopper, des perdants magnifiques et émouvants.