lundi 5 mai 2014

Apprendre le grec ancien

J'ai eu l'envie d'intégrer l'atelier d'écriture de Mylène à Chambéry, en octobre 2010, année de ma retraite. Et dans cet atelier vraiment convivial, j'ai peu à peu "creusé mon sillon" et j'ai partagé de très bons moments d'écriture et de lecture. Je tiens à poursuivre cette activité  et j'ai proposé de le compléter dès la rentrée 2012 d'un atelier "lectures". En apprenant qu'Evelyne avait été professeur de français, de latin et de grec, j'ai pensé à l'apprentissage du grec, un rêve que je n'ai jamais pu réaliser. J'ai fait trois ans de latin à l'université de Pau dans les années 70 pour obtenir ma licence de lettres modernes. Le grec n'était pas au programme à l'époque et quand j'étais au lycée, j'étais meilleure en maths qu'en français de la Sixième à la Troisième. Dans ces années-là, c'était déjà une matière confidentielle et élitiste. J'ai donc oublié au fil du temps mon désir du grec ancien. Et quarante ans après, me voilà à la retraite (avec soulagement) et se présente une opportunité rare : apprendre cette langue qui me semblait inaccessible. Evelyne s'est montrée tout de suite ouverte à ma proposition. Ce projet de me lancer dans une entreprise linguistique semble un peu absurde, surtout à mon "âge"... J'ai découvert la Crète, il y a 10 ans, et la Grèce en 2010. Devant le Parthénon à Athènes, dans le théâtre d' Epidaure, j'ai ressenti une émotion esthétique réelle face à ces splendeurs antiques. J'ai aussi lu la merveilleuse Jacqueline de Romilly qui m'a transmis sa passion de la Grèce antique. Et j'ai toujours été attirée par la philosophie des Grecs anciens (Epicure, Platon, Socrate, etc.). Je consacre trente à soixante minutes par jour à l'étude de la langue d'Homère. Evelyne m'offre généreusement et patiemment une séance par semaine, et j'avance chemin faisant dans la complexité d'un langage à l'alphabet différent, à  la structure grammaticale à déclinaisons, et au génie elliptique de la construction des phrases. Un régal pour l'esprit, un passe-temps intellectuel tonique, une curiosité culturelle enrichissante et un exercice neuronal primordial pour la gymnastique du cerveau. Je redis ma reconnaissance, ma gratitude envers Evelyne qui m'a permis de réaliser un de mes rêves d'étudiante de lettres. Pourquoi étudier une langue morte ? Mais justement, comme le grec ancien disparaît des programmes scolaires, j'aime les causes en perdition... J'ai l'impression de dialoguer avec des ancêtres de 2500 ans quand j'arrive à comprendre des petits bouts de texte. Apprendre le grec ancien m'a même donné aussi envie d'avoir des notions d'italien, de portugais et d'approfondir mon espagnol. Ma motivation pour découvrir, apprendre, retenir, déchiffrer,  reste vive et cette disposition à la curiosité me rajeunit de quarante ans ! Qui dit mieux ?