vendredi 2 septembre 2022

"Venise toute", Benoît Casas

 Un petit livre, publié chez Arléa, a attiré mon attention lors d'une visite chez Garin à Chambéry. Il portait un titre doux à mes oreilles, "Venise toute", écrit par un auteur peu connu, Benoît Casas. Comme j'ai passé une semaine de rêve dans la cité lacustre en avril dernier, je voulais retrouver l'ambiance calme et sereine de Venise, une ville qui m'emplit toujours d'une grande nostalgie heureuse. Cet auteur vit à Marseille. Il a publié quelques romans chez des petits éditeurs et codirige les éditions "Nous". Son ouvrage m'a redonné l'envie d'y retourner et je me suis fait la promesse de séjourner dans cette ville régulièrement comme si je voulais vivre à l'écart de notre monde motorisé, bruyant et stressant. Venise échappe à une extrême modernité plutôt enlaidie depuis des décennies. Là-bas, à Venise, la beauté s'installe partout, sur l'eau, sur la terre ferme et il a fallu des siècles pour bâtir un espace aussi singulier. Quand j'étais sur les Zattere, dans un appartement de location, je vivais un peu comme une Vénitienne : prendre le vaporetto, faire des courses dans un petit supermarché au pied de l'immeuble, voir le ciel prendre des couleurs nuancées, goûter le vent de la mer, observer le bal des bateaux de tout acabit, suivre les mouettes des yeux, manger une glace sur une terrasse, rentrer dans une église baroque, regarder l'intérieur des palais du vaporetto. Mon regard enregistrait tous les mouvements, toutes les palpitations de la vie sur l'eau avec des ponts et des placettes. Même les touristes envahissants (dont moi, évidemment) ne m'énervaient pas, tellement la ville leur met un sourire aux lèvres ! Benoît Casas propose un abécédaire et exprime avec une grâce certaine, les impressions que la ville lui procure. Ces phrases brèves et poétiques forment un hommage vibrant à cette ville unique au monde qui attire souvent un amour admiratif. Je partage vraiment toutes ses réflexions comme celle-ci : "Qui a parlé de la tristesse de Venise n'a donc jamais vu cette lumière, ce ciel ardent, ce mouvement, cette vie marine". Il évoque les cloches, l'eau, le ciel, les saisons, les palais, les ruelles et tant de merveilles exposées devant ses yeux. Il décrit aussi les sensations qu'il ressent : "Une longue promenade sur la lagune vous laisse une sorte d'étourdissement ébloui, un balancement jusque dans l'esprit, où les pensées oscillent, et qui persévère même dans le sommeil". Ce texte kaléidoscope montre une ville labyrinthe, une ville énigme, une ville étincelle où l'on aime se perdre, s'oublier et s'extasier. L'auteur n'oublie pas de mentionner les magiciens de Venise : Carpaccio, Le Tintoret, Tiepolo, Ezra Pound, Marcel Proust, Joseph Brodsky, et tant d'autres amoureux et amoureuses de Venise. Cet ouvrage charmant se lit avec un plaisir certain. Un retour sur une escapade printanière qui embellira toujours ma mémoire.