lundi 19 septembre 2022

Escapade à Rome, Tivoli, la Villa Hadriana

 Premier grand coup de cœur dès mon arrivée à Rome : la découverte de la Villa Adriana à Tivoli. En louant une voiture à l'aéroport, je suis partie directement à Tivoli à une trentaine de kilomètres de Rome. La chambre d'hôte de la Casale Colleoni dans une maison de maître très ancienne touchait le grand domaine de la Résidence impériale d'Hadrien qu'il a fait construire en l'an 117 sur 120 hectares. Dès le soir, les cyprès se dressaient avec grâce dans le ciel et s'illuminaient comme des bougies dans le coucher du soleil. Dès le matin, j'étais devant la Villa et avec surprise, j'ai arpenté le site antique pratiquement seule (et avec ma famille). Je relisais en même temps "Les Mémoires d'Hadrien" de Marguerite Yourcenar et pendant les deux heures de ma visite, je me retrouvais dans le deuxième siècle après Jésus-Christ, déambulant dans un espace dédié à la Beauté. Le parc arboré de cyprès et de chênes nous accueillait sous un soleil d'été, chaud et sec. Plus j'avançais dans ce domaine enchanté, plus je savourais cet esprit du lieu, un lieu intemporel que les ruines rendent encore plus émouvantes dans la lumière matinale. L'empereur rêvait d'un paradis architectural novateur et il voulait reproduire dans son domaine les lieux et les monuments qu'il avait visités lors de ses voyages à travers l'Empire romain. Il a élaboré sa célèbre Canope du nom d'une cité égyptienne. Autour d'un canal, ceinturé de statues grecques dont des Caryatides et du dieu Mars, ces copies romaines se reflètent avec harmonie dans l'eau du canal. L'empereur Hadrien, helléniste passionné, avait réussi son hymne à l'amour d'Athènes et de la Grèce antique. Je me promenais dans ces allées majestueuses avec admiration et même avec une certaine sidération devant ce monde antique greco-romain. Bâtiments d'habitation, therme, palestre, théâtre maritime magnifique, temples, toutes ces ruines créaient une atmosphère quasi religieuse. L'empereur était un grand, un immense lecteur et j'ai longé les bibliothèques avec émotion. Je l'imaginais entouré de philosophes et consultant son bibliothécaire pour établir un catalogue complet de toutes les productions de rouleaux de papyrus. Dans sa biographie d'Hadrien, Marguerite Yourcenar retient cet amour des livres en écrivant : "Mes premières patries ont été des livres".  Cette première visite à Tivoli de mon séjour romain m'a laissé une très forte impression et j'en garderai longtemps encore un souvenir émerveillé. Plus je lis le roman biographique de Marguerite Yourcenar, plus je vois l'empereur dans sa dernière demeure, son refuge, son île, son abbaye de Thélème. Il pleurait son amant, Antinoüs, un jeune Grec d'une grande beauté, mort noyé l'âge de vingt ans qu'il finira par diviniser. Un lieu inoubliable à la fois historique et littéraire. Tivoli, un paradis du temps retrouvé.