dimanche 30 mai 2010

La Bataille de Roncevaux

J'ai fini de lire ce week-end le roman d'Eugène Green : "La bataille de Roncevaux" aux éditions Gallimard.
Je reprends le résumé du livre proposé par l'éditeur et qui est très bien écrit !
"Gotzon Peyrat, orphelin élevé par sa grand-mère dans une ferme près de Donibane Garazi, que la République française appelle Saint-Jean-Pied-de-Port, vit dans le présent intemporel de la langue basque.
Le roman raconte l'enfance et la jeunesse de Gotzon, sa scolarité dans les écoles républicaines, sa découverte du trésor de l'amitié, ses premiers émerveillements amoureux... Peu à peu il comprend à quel point la langue basque donne son sens à l'univers qui l'entoure. Mais il voit tous ses proches disparaître, comme sa langue et son pays, ce qui fait croître en lui une grande colère. Ayant organisé une réplique héroï-comique de la bataille de Roncevaux, Gotzon va se trouver accusé d'un crime grave..."

Si j'ai lu ce livre avec un très grand plaisir et un intérêt profond, c'est parce que je suis aussi originaire du Pays Basque mais je n'ai pas la maîtrise de la langue basque à mon grand regret. Mes parents sont d'origine espagnole aragonaise du côté paternel et d'origine béarnaise du côté maternel avec une arrière grand-mère qui s'appelait "Cheverry" (je crois qu'en basque, etcheverry est un mot courant qui veut dire maison). Le Pays Basque est un territoire linguistique très particulier et unique au monde et ce roman, écrit par un "non-basque" est une ode magnifique à la langue basque toujours aussi mystérieuse (on la dit "préhistorique"). J'ai toujours compris l'esprit de résistance des Basques pour une reconnaissance de leur langue et de leur culture : combat juste et nécessaire. Si tout le monde parlait anglais, ce serait banal et triste. Le Basque en tant que langue devrait être inscrit au patrimoine de l'Humanité et ,même si je ne le parle pas (il faut naître dedans), j'adore lire tous les panneaux écrits en basque et en français quand je vais très souvent dans mon pays "natal". Et j'avoue que je suis de temps en temps agacée par les milliers de touristes qui passent en coup de vent ou se prélassent sur les plages sans pénétrer le vrai Pays Basque, authentique et fort, avec leur coeur et leur curiosité !
Lisez donc ce roman pour aimer et connaître le Pays Basque !

vendredi 28 mai 2010

Les saisons

Je remarque que les Séries Télé font fureur en ce moment : du Docteur House aux Desesperate housewife, en passant par Heroes, Fringe, les 4400, Lost (surtout) : j'avoue que j'apprécie de les regarder en famille car en général, les émissions de télé sont assez insipides le soir et les téléfilms français sont navrants de platitude et de conformisme ambiant. Le goût des séries m'est venu très tardivement car je me détournais de ce type de divertissement. J'ai commencé à voir les "Desesperate" (grâce à mon frère!), et j'ai constaté l'humour décapant, la description au scalpel de la vie quotidienne des femmes américaines et leur générosité amicale entre elles. Bref, pour se détendre, il vaut mieux lire, aller au cinéma, évidemment, mais aussi regarder ces très bonnes séries au lieu de suivre des émissions françaises du soir à la télé. Cela me rappelle les grandes sagas romanesques que nous lisions quand on était jeunes à partir de 15 ans : les Angélique, les Troyat, la saga des Jalna, et la plus passionnante pour moi comme les Thibault de Roger Martin du Gard qu'on ne lit plus aujourd'hui. Cette continuité dans le temps remplit une fonction psychologique essentielle : vivre une histoire à l'infini qui ne termine jamais alors que la vie, notre vie un jour s'arrêtera, se donner un sentiment d'éternité... Saison 1, 2, 3, 4, 5 et plus, c'est magique !

jeudi 27 mai 2010

Une chanson pour l'absente

Stewart O'Nan, écrivain américain, né en 1967 à Pittsburgh, est publié depuis ses débuts par les éditions de l'Olivier :"Speed Queen", "Un monde ailleurs" et "Nos plus beaux souvenirs". J'avais déjà lu "Nos plus beaux souvenirs" et j'en ai gardé un beau souvenir de lecture. Cette littérature américaine n'a aucun complexe. Ce roman se lit comme un "polar" et j'ai ressenti tout de suite une adhésion au thème : une jeune fille disparaît et les réactions de panique des membres de cette famille sont décrites et analysées d'une façon incontestablement réaliste et en même temps émouvante. On sait qu'un des plus grands drames que peuvent traverser les familles, c'est bien la disparition d'un enfant et d'un adolescent qui ne sont jamais retrouvés et l'actualité quotidienne nous alerte sur des cas très douloureux. J'ai compris la réaction des parents désemparés, désespérés, fous d'angoisse et d'espoir. Ce livre possède des échos de vérité, d'authenticité et cela montre une fois de plus la force de la littérature, son pouvoir immense pour décrire la condition humaine et ses folies. C'est vrai que ce n'est pas un livre facile à lire mais Stewart O'Nan est un écrivain formidable qui rentre dans la peau des personnages avec empathie et compassion. La maison d'édition en question "Les éditions de l'Olivier" ont dans leur catalogue de sacrés bons romans !!! Et je suis rarement déçue quand j'en lis un...

mardi 25 mai 2010

Revue de presse

Ce week-end de la Pentecôte, j'ai remarqué dans la presse hebdomadaire un dossier sur le pouvoir intellectuel en France du Nouvel Observateur, dossier trop court à mon goût et cela fait un bon bout de temps que la presse généraliste ne s'était pas penchée sur les intellectuels français. J'ai retenu surtout l'hommage de Jacques Julliard qui "compte" sur nos intellectuels pour la critique sociale et leur combat contre les "ismes" (vive Camus !) : racisme, totalitarisme, islamisme, machisme, fanatisme, "bêtisme", simplisme, "vulgarisme"... Des femmes-héritières de Simone de Beauvoir comme Elisabeth Badinter, Caroline Fourest, Esther Duflo, Elisabeth Roudinesco lancent des débats essentiels sur la laïcité, le féminisme, la maternité, la pauvreté. Un passage très intéressant d'un livre dialogue entre Alain Badiou et Alain Finkielkraut est re-transcrit, "L'explication" aux Editions Lignes. Cet article est repris dans la revue "Le monde 2", écrit par Jean Birnbaum dont la conclusion a vraiment retenu toute mon attention : "Le moment présent exige une alliance des femmes et des hommes de culture, un front unique de tous ceux qui chérissent les livres, qui tiennent aux idées. (...) Ce qui les rassemble, c'est un sentiment d'urgence. Quand règne la haine de la pensée, quand toute exigence passe pour élitiste, donc pour arrogante, quand la médiocrité populiste ronge les sommets de l'Etat comme ceux de l'université ou des médias, alors la mobilisation s'impose".
J'aime beaucoup ces résonances que l'on rencontre dans la presse de temps en temps, comme un réveil plus que salutaire !

vendredi 21 mai 2010

Publicité gratuite

Je vais très régulièrement pour mon travail et pour mes passions littéraires sur un site Internet qui mérite d'être très connu. Ce site est un site qui répertorie les livres disponibles à la vente, toutes langues confondues. Ce site marchand international propose 150 millions de livres et autres documents pour le plus grand bonheur des lecteurs et "acheteurs" de livres. Si vous possédez une bibliothèque fournie en livres rares et précieux, vous trouvez la référence sur ABEBOOKS et vous pouvez ainsi connaître la valeur de votre ouvrage. Si vous désirez compléter une collection, vous trouvez l'exemplaire sur ABEBOOKS. Si vous cherchez un ouvrage rare d'un auteur peu lu ou oublié, vous le débusquez sur ABEBOOKS !
Il existe d'autres sites de bouquinistes en France (livre-rare-book) et je les explore souvent en tant que lectrice et bibliophile. Mais allez vous balader de ce côté-là et préparez votre carte bleue !

jeudi 20 mai 2010

Georges Perec, relecture

J'ai une admiration pour l'oeuvre de Georges Perec. Il m'arrive de re-lire un ouvrage d'un écrivain admiré et cette semaine, j'ai re-découvert le "Je me souviens" de Perec. Ce livre se lit en une heure et démarre toujours par la même litanie : "je me souviens de...". Plusieurs "je me souviens" m'ont re-plongée dans mon passé des années 1955 à 1975 et nombre de citations concernent des acteurs, des sportifs (il cite Pipette, un joueur de jeu à 13 qui était un ami de mon père, lui aussi célèbre en ce temps-là dans le milieu sportif dans les années 50), des chansonnettes, des publicités, des feuilletons de télé, la mode vestimentaire, etc. Ce petit livre est un flacon de parfums du passé, et avant Roland Barthes et ses "mythologies", livre savant et instructif sur les effets de la modernité dans notre art de vivre, Georges Perec rassemble avec humour et dérision les bribes de souvenirs qui sombrent dans l'oubli. Ce petit livre, si grand au fond, m'a vraiment charmée une fois de plus et je me demande si un jeune de nos jours pourrait le lire : il n'y comprendrait aucune référence, ni aucune citation et se croirait sur une planète d'extra-terrestres !!! Peut-être que des séniors comme moi seraient capables de leur traduire cet ouvrage pour leur faire comprendre le charme suranné et magnifique de cette époque lointaine et pourtant si proche de nous !!!!

mardi 18 mai 2010

Les revues de littérature

Je lis les revues littéraires régulièrement : "La Quinzaine littéraire" (un monument !),"le Magazine littéraire" (un incontournable), "Lire" (superficiel mais utile pour suivre l'actualité). Il en existe d'autres moins connues parmi lesquelles je distingue la revue "Transfuge" et "le Matricule des anges". La première revue mensuelle parle de littératures étrangères et de cinéma. Elle existe depuis 3 ans (je crois) et propose des dossiers très instructifs sur de grands auteurs étrangers et quelquefois français. Je garde la collection chez moi et j'y reviens souvent pour découvrir des portraits d'écrivains, des romans subtils et nouveaux, des films de "cinéphiles" avertis. L'autre revue, "Le Matricule des anges", revue audacieuse et originale, déteste la littérature de confort, commerciale et commune. Elle se promène hors des sentiers battus parisiens et propose un choix de livres sortis dans les "petites maisons d'éditions". Ses dossiers sur des écrivains confirmés et très peu connus du grand public sont vraiment enrichissants et déroutants. En fait, si vous êtes un vrai amoureux ou amoureuse de livres et de littérature, les cinq revues que je cite, constituent le menu mensuel de la lecture-critique. J'ai découvert grâce à ces revues, une multitude de titres de livres, d'écrivains et de philosophes, d'auteurs fulgurants et vite explosés dans le panorama de nos lettres françaises. Chaque fin de mois, je découvre avec plaisir les unes des couvertures, m'empresse de les feuilleter et de lire les articles qui comblent mon attente !

lundi 17 mai 2010

Février de Lisa Moore

J'ai recopié ce résumé que je trouve excellent sur la quatrième de couverture du roman. C'est vrai qu'il n'est pas dans la liste des best-sellers, ni n'est répertorié dans la presse de critique littéraire. J'ai retrouvé dans ce livre un canevas très fin des sentiments et des qualités "dits" féminins que sont le courage face à l'adversité, la détresse digne face au deuil, l'énergie incommensurable et (non reconnue) des femmes..., l'amour inconditionnel des enfants et de la famille ! Lisa Moore est un auteur canadien anglophone et son premier roman traduit en français est un coup de maître.
"Nous sommes en février 1982, sur le territoire de Terre-Neuve: au large des côtes, une plate-forme pétrolière fait naufrage, emportant avec elle des dizaines d'hommes, dont Cal O'Mara, le mari d'Helen, déjà mère de trois enfants et enceinte du quatrième. La vie passe, plus forte que le deuil. Les devoirs et les joies maternels habitent et provoquent chaque pas, le quotidien prend le pas sur le destin. Pourtant Helen ne cesse de parcourir les spirales du drame qui l'a engloutie, cette nuit-là, les ombres qui la peuplent, celle, obsédante, et comme incandescente, de Cal. C'est son fils unique qui l'arrache à sa solitude et la ramène à la vie, alors qu'à son tour il se découvre père sans l'avoir voulu.
Par l'écriture, Lisa Moore construit un roman de la mémoire : un détail, un mot, un geste en rappelle un autre et le roman ne cesse de naviguer, tout comme Helen, du passé au présent, sur un rythme qui semble naturel, celui de nos souvenirs, de nos rêves, où se mêlent les âges et les êtres, et d'où jaillit une profonde humanité".

vendredi 14 mai 2010

"Cafés de la mémoire"

J'ai fini de lire cette semaine un ouvrage passionnant "Cafés de la mémoire" de Chantal Thomas. Cette femme-écrivain, philosophe, directrice de recherches au CNRS, spécialiste de Sade, Casanova et de la littérature du XVIIIème siècle, nous livre une autobiographie se situant entre 1945 et 1969. Elle nous raconte son enfance à Arcachon, son entourage familial, ses études et surtout au fil du récit, prend le modèle de Simone de Beauvoir comme art de penser et art de vivre. Le mot-clé de cet ouvrage est le mot "liberté" .Elle décrit tout au long du livre les cafés de sa jeunesse, lieux mythiques et nostalgiques, carrefours de la vie, des rencontres, des retrouvailles, vrais refuges pour les solitaires... Elle monte à Paris en 1968, (mais après le mois de mai) et découvre la vie intellectuelle dans les cafés de la capitale : Les Deux Magots, Le Flore, et tant d'autres. J'ai moi-même vécu en 1981 (année de l'arrivée des socialistes au pouvoir) la même expérience en "montant" à Paris où j'ai déambulé pendant un an dans tous les endroits chargés de littérature : les cafés, les librairies, les rues à plaques d'écrivains célèbres, les musées et les maisons d'écrivains... Son livre autobiographique à quinze ans de distance me plonge dans une recherche du temps perdu et retrouvé. La petite madeleine de Proust agit comme une révélation qui abolit le temps. Ce temps est comme suspendu d'autant plus que le thème des cafés me touche beaucoup car j'ai vécu dans un bar-café dans mon enfance (de cinq à douze ans)... Pour terminer cet éloge de Chantal Thomas, je cite une phrase du livre : "Je passais de longues soirées à lire, accompagnée par le fanal discret d'autres lecteurs, petites lumières sous abat-jour, persistantes clairvoyances, complicités de rêveurs. Membres d'une société qui ne se rencontreront pas, mais partagent, chacun pour soi, l'éblouissement des mots qui s'animent et vous adressent la parole." La lecture m'a toujours semblé un monde solidaire et non solitaire et le passage formidable que je cite, me renforce dans cette idée !

mardi 11 mai 2010

Lire et faire lire

J'ai regardé à la télévision un dialogue entre le ministre de la culture et Alexandre Jardin. Alexandre Jardin plaidait la cause d'une association "Lire et faire lire" qui a pour but d'initier les enfants au goût de la lecture. Des milliers de bénévoles retraités lisent des albums, des romans dans le cadre de l'école primaire (du CP au CE2) et tentent de donner le virus si bénéfique de la lecture. Alexandre Jardin voulait un appui du Ministre de la Culture pour relayer sur un plan institutionnel le recrutement des bénévoles. Alexandre Jardin parlait de notre pays comme d'une nation de lecteurs, où plus on lit, plus on réfléchit ! On résiste à la facilité, à la vulgarité, aux extrêmismes religieux et politiques. Lire rend donc citoyen, lire "civilise"... Ce dialogue intelligent entre un ministre "volontariste" et ouvert et un écrivain courageux et motivé pour la lecture, (bien non commercial à partager entre tous), m'a donné un sentiment de satisfaction. Quand la lecture devient un enjeu social, capital et essentiel pour nos démocraties, j'adhère à cent pour cent.

lundi 10 mai 2010

Le document-témoignage de Florence Aubenas

"Le quai de Ouistreham" de Florence Aubenas est un livre-choc, un témoignage d'actualité, qui dénonce le scandale quotidien des travailleurs "précaires" dans notre société. Je lis peu de documentaires en général. Je préfère de loin les livres dits de littérature. Mais ce journal écrit par Florence Aubenas, journaliste très connue en France (elle a subi trois mois d'enfermement total au Liban comme otage) se lit justement comme "un roman" : elle se met à la place d'une femme en tant que chômeuse sans diplôme pendant 6 mois à la recherche de travaux de ménage et elle raconte dans un style simple, cru et sans fioritures sa quête d'emploi, ses contacts avec les administrés du Pôle emploi, ses formations inefficaces, ses relations de travail avec les "damnés du ménage", ses moments de convivialité et de grande humanité avec ses collègues. Un thème récurrent rythme ce document : la fatigue, une fatigue incommensurable, la "course" absurde du petit matin, le nettoyage sans cesse renouvelé, le découragement des uns, la pêche" des autres... Pourquoi a-elle-écrit cet ouvrage ? Elle dénonce l'immense injustice des salariés à CDD, leurs horaires épuisants, (très tôt le matin, tard le soir), le mépris des chefs, l'indifférence des salariés à leur égard, les humiliations subies. J'ai lu ce livre comme un document essentiel pour comprendre la situation de certains de nos contemporains qui souffrent et qui mériteraient un traitement simplement humain : on est loin du compte !