lundi 1 février 2016

Atelier de lectures, 3

J'avais choisi cinq écrivains d'Israël pour l'atelier de janvier : Amos Oz, Zeruya Shalev, Aaron Appelfeld, Meir Shalev, Avraham B. Yehoshua. Je ne vais pas évoquer Yehoshua et Meir Shalev car aucune lectrice n'avait découvert ces deux auteurs. Je vais donc essayer de parler des trois autres en commençant par Zeruya Shalev. Trois de ses romans ont été lus : "Ce qui reste de nos vies", Prix Femina en 2014, "Théra" et "Mari et femme". L'univers de cette femme écrivain est basé sur l'intimisme du couple et de la famille. Ce thème majeur rebondit de roman en roman et cette obsession de l'harmonie amoureuse se déchire sans cesse au fil de ses pages. Lire Zeruya Shalev n'est pas de tout repos. Elle entraîne son lecteur(trice) dès les premiers mots car la crise arrive dès le début : un mari paralysé du jour au lendemain, symbole de la rupture conjugale, des épouses insatisfaites, la difficulté d'être mère, la souffrance de la perte, la fuite et la lâcheté des hommes rarement impliqués dans les relations familiales. Son regard lucide et sans complaisance sur le chaos familial, son sens aigu de la psychologie féminine, son style "volcanique" comme si la lave de l'inconscient dévalait sur les flancs de son être, tous ces éléments distinguent l'œuvre forte et passionnante de Zeruya Shalev de tous ces confrères. Certaines d'entre nous ont lu Amos Oz. Son roman, "Femme fuyant l'annonce" avait marqué la rentrée littéraire en 2011. Cet immense écrivain a déjà une œuvre accomplie et traduite dans le monde entier. Il peut concevoir des romans-sagas comme le passionnant "Une histoire d'amour et de ténèbres" qui mêle les souvenirs de famille avec l'histoire d'Israël. Il raconte aussi sa formation intellectuelle et les racines de sa vie d'écrivain. Sa "Femme fuyant l'annonce" évoque la randonnée de la mère d'un soldat qui ne veut pas affronter une mauvaise nouvelle effrayante, la mort de ce fils qui a choisi une mission périlleuse. Les nouvelles, "Entre amis" et "Scènes de la vie villageoise", de cet écrivain frappent le lecteur(trice) par leur finesse psychologique à la façon d'un Tchekhov. Il décrit la vie quotidienne des personnages familiers avec un humour élégant et une lucidité critique. Amos Oz a vraiment obtenu l'unanimité à part deux lectrices qui ne sont pas parvenus à entrer dans ses romans les plus denses et les plus complexes. Le troisième écrivain évoqué dans l'atelier, Aaron Appelfeld, compose une œuvre basée sur les horreurs de la guerre et de l'Holocauste. Son roman "Tsili" raconte l'histoire d'une petite fille, abandonnée des siens et qui se bat pour survivre. Il faut surtout découvrir son autobiographie, "Histoire d'une vie". Si ces trois écrivains d'Israël ont été appréciés dans l'atelier, il reste à découvrir tous les autres...