lundi 5 juillet 2021

La culture gréco-latine

la culture gréco-latine commence à "énerver" sérieusement certains étudiants et professeurs aux Etats-Unis. Et on sait que dans quelques mois, ce mouvement va se propager dans nos universités françaises. Jugé misogyne, dominateur, raciste, le patrimoine culturel de nos anciens Grecs et Romains appartient désormais à une vision du monde bipolaire entre dominants et dominés, entre Blancs et non-Blancs. Adieu le grec ancien et le latin, nos racines anthropologiques partagées par l'humanité dans son ensemble jusqu'à aujourd'hui. Une grande suspicion plane désormais sur la tragédie grecque, sur Homère, sur la philosophie platonicienne, sur les mythes grecs, sur l'art des sculptures, sur les temples, etc. Ce nouveau clivage surgit dans une vague d'un antiracisme exacerbé, ressenti par des hommes et des femmes qui se sentent désormais coupables des crimes perpétrés par leurs ancêtres. Ce ressentiment mémoriel reste heureusement ultra minoritaire mais il faut vraiment se demander si cette mouvance politique dans les campus américains ne va pas grignoter quelques esprits rebelles en mal d'idéal. L'homme (et la femme) occidental, né en Grèce et à Rome, attire la détestation de ces étudiants qui ne supportent plus l'arrogance imaginaire de la culture gréco-latine. Donna Zuckerberg, (la sœur du créateur de Facebook), spécialiste de la Rome antique a dénigré sa propre discipline en dénonçant son implication dans "le racisme et le colonialisme et qui continue d'être liée à la suprématie blanche et à sa misogynie". Cette méthode de la déconstruction historique date des années 70 avec des philosophes très reconnus comme Michel Foucault, Pierre Bourdieu, etc. Cette remise en question de nos fondations culturelles dite la "cancel culture" peut provoquer un grand chambardement dans notre connaissance du monde antique. Les historiens ont toujours signalé l'existence de l'esclavage et de la place subalterne des femmes dans la démocratie athénienne. Est-ce une raison suffisante pour rejeter le grec et le latin ? Pour ne plus lire Platon, Epicure, Virgile, Hérodote, Homère ? Récemment, j'ai appris avec stupéfaction que les chiffres romains allaient disparaître dans la numérotation des salles dans les musées. J'ai lu avec intérêt un article de Pierre Assouline dans son blog, "La République des Livres", intitulé : "Les humanités gréco-latines seraient-elles toxiques ?". Il s'étonne de cette guerre idéologique larvée depuis des années. Même l'Education nationale a diminué fortement l'enseignement des humanités fondatrices de notre civilisation les considérant comme un élitisme de classe, augmentant les inégalités sociales. Si j'étais Président de la République, je mettrais l'apprentissage du latin dès la 6e et le grec ancien en 4e... Hélas, je n'ai aucun pouvoir pour réaliser ce projet innovant et ultramoderne. Dommage ! Quelle fierté pourtant si tous nos enfants apprenaient l'alphabet grec comme un jeu de piste, les déclinaisons latines comme une logique grammaticale, les mythes grecs comme celui d'Ulysse et de Pénélope ! Je deviens de plus en plus nostalgique d'une culture solide, structurante et ambitieuse pour tous ! J'ai appris le latin à l'université pendant trois ans et j'ai été initiée au grec ancien dans ma soixantaine... Rien n'est jamais perdu !