vendredi 11 décembre 2020

Sous cloche

 Il faut accepter dorénavant une vie sous cloche tant que ce virus mondialisé circule sans frontières. Comme tous les amateurs de cinéma, j'avais l'intention d'aller à l'Astrée où j'allais me retrouver dans une salle noire, assise confortablement et me noyant les yeux dans un écran surdimensionné. Tant pis pour la féerie cinématographique. J'attendrai le mois de janvier. J'avais l'intention de revoir le Musée des Beaux-Arts de Chambéry pour le goût du silence et pour la collection italienne, j'attendrai le mois de janvier. Je pense aux théâtres parisiens, aux salles de concert, aux musées si magnifiques, tant pis, on verra plus tard. La culture a perdu son aura auprès des responsables politiques et évidemment, les commerces deviennent nos nouveaux centres culturels et cultuels... Heureusement, chacun se fabrique son îlot symbolique où il fait bon de vivre avec des livres, de la musique et des images télévisuelles de qualité. Il faut intégrer la novlangue orwellienne : pas essentiel, superflu, inutile, aux oubliettes, la culture. Mais, je suis tellement rassurée : les librairies et les bibliothèques échappent au carnage de la Covid-19. Quel bonheur de retourner dans ces lieux pour le moral ! Cette vie sous cloche dure, dure jusqu'à éprouver une certaine lassitude. Le couvre-feu à 20h  ? Jusqu'en 2025... Peut-être... Le couperet est tombé. Ces mots reviennent à la mode : obéissance, citoyenneté, acceptation, résignation. L'ordre sanitaire règne mais le désordre aussi dans les rues, avec les manifestations. On peut quand même ronchonner, râler, protester. Notre Premier Ministre joue le rôle de sergent major : "Allez, chers citoyens, respectez ces contraintes qui vous sauvent la vie. Je vous en supplie de ne pas tomber malade, les hôpitaux ne peuvent pas vous soigner". Pour supporter cette ambiance anxiogène, quelle attitude adopter ? S'armer de patience, mais aussi, se réjouir de ne plus remplir une attestation liberticide, fuir les petits et les grands commerces (sauf les librairies), partir pendant les vacances de Noël en changeant de région tout en respectant la règle des Six, créer des recettes de cuisine en l'absence de restaurants, s'offrir des livres sous le sapin, se promener dès 6h du matin pour profiter de la liberté accordée. Avec de l'imagination, la période que nous vivons aujourd'hui ne sera qu'un très mauvais souvenir. Vivement l'année prochaine et nous allons fêter la fin de l'année avec soulagement. Il paraît que les responsables politiques font ce qu'ils peuvent et personne ne voudrait être à leur place. Pour le moment, le contrat social semble fonctionner.  Une vie sous cloche, encore un mois et en 2021, retour à une vie sans cloche ! Sauvegardons le principal, l'essentiel : rester vivant !