mardi 10 avril 2018

Rubrique cinéma

Le réalisateur Ritesh Batra, a eu la très bonne idée d'adapter un roman de Julian Barnes, "A l'heure des souvenirs". Tony Webster, un sexagénaire londonien, divorcé et père d'une fille de 36 ans, reçoit un courrier d'une ancienne connaissance de sa jeunesse. Cette lettre bouscule ses habitudes de petit commerçant d'appareils de photographie. Sa fille est enceinte sans présence d'un compagnon et elle a besoin de ses parents pour l'accouchement. Le père un peu débordé par sa fille remplit sa mission d'aide avec humour et résignation. La nouvelle d'un testament le taraude et les images du passé commencent à envahir son monde intérieur. Il se revoit à vingt ans amoureux d'une certaine Veronica, et sa mère, décédée récemment, lui aurait confié le journal intime de son meilleur ami, Adrian. Ce jeune homme, étudiant brillant, s'est suicidé et ce geste a toujours semblé énigmatique à Tony qui a oublié ce passé troublé depuis plus de quarante ans. Mais, au fil des images, la mémoire lui revient et il va devoir confronter sa jeunesse à l'aune de son âge mûr. Ce sexagénaire semble perdre pied devant ces souvenirs indésirables. Il est tout de même curieux de revoir son premier amour Veronica. Qu'est-elle devenue ? Il a perdu sa trace après le drame du suicide de son ami. Les images du passé reviennent sans cesse dans le présent du personnage principal. Veronica l'a initié à la photo, l'a reçu chez ses parents et leur idylle semblait heureuse. Or, un soir, il reçoit une lettre d'Adrian lui demandant de comprendre que Veronica et lui sortent ensemble. Tony réagit bien et s'apprête à leur envoyer une carte de bonne chance. Mais sa jalousie prend le dessus et il leur écrit une lettre incendiaire de haine et de dépit. Ce geste méchant et mesquin rattrape le sexagénaire qui comprend en retrouvant Veronica qu'il a agi de façon stupide. Je ne dévoilerai pas la fin de l'intrigue mais, ce film évoque avec délicatesse,  les occasions manquées, les amours déçus, les trahisons blessantes, une jeunesse incertaine. Tony se rend compte de son égoïsme fondamental quand sa femme lui rappelle son manque d'empathie et d'attention. Les erreurs du passé reviennent sans crier gare dans son présent d'homme enfin apaisé. Veronica joue un rôle très émouvant d'une femme meurtrie mais vivante malgré le drame de sa jeunesse. Tony Webster va ouvrir les yeux sur sa famille et enfin devenir un homme attentif et aimant. L'acteur, Jim Broadbent, joue sobrement, simplement. Il n'est jamais trop tard, semble nous dire le réalisateur de ce film délicieux, délicat et sensible pour comprendre et affronter les fantômes du passé qui ne disparaissent jamais de la mémoire...