lundi 14 janvier 2019

Amos Oz

Le prix Nobel a encore oublié un des plus grands écrivains de la planète : Amoz Oz. Il vient de mourir d'un cancer le 28 décembre à 79 ans. J'avais présenté cet écrivain israélien dans l'atelier Lectures et j'avais lu son plus grand chef d'œuvre, "Un histoire d'amour et des ténèbres", publié en 2003. Ce roman biographique racontait son histoire familiale si singulière. Il est né à Jérusalem d'un père, bibliothécaire et d'une mère, professeur d'histoire. Ces parents ont immigré d'Europe de l'Est dans les années 30, fuyant l'antisémitisme ambiant. L'oncle de son père fut candidat à la présidence de l'Etat d'Israël. Un drame surgit dans son enfance (il a à peine douze ans) car sa mère se suicide. Cet événement le traumatisera à vie. A l'âge de quinze ans, il rejoint un kibboutz et devient un sioniste de gauche. Il commence à écrire, se marie, donne naissance à un fils. Il quitte le kibboutz dans les années 50. Il commence à publier dans les années 60. Cette carrière dans la littérature ne l'empêche pas de participer à la Guerre des Six Jours en 1967. Il a écrit une vingtaine d'ouvrages en hébreu et près de 450 articles et essais. Dans son œuvre, il explore les êtres, leurs espoirs comme leurs désillusions, leur rapport aux autres et il se met toujours à la place d'autrui. L'amour, l'amitié, la solitude, les émotions, Amos Oz les décrypte avec une empathie totale. Il utilise le format court des nouvelles pour illustrer sa vision de la condition humaine. Ses nouvelles sont souvent reliées entre elles et forment des "romans en nouvelles". J'ai souvent comparé Amos Oz à un Tchekhov oriental. Sur le plan politique, Amos Oz s'est engagé pour la paix, pour la création de deux états, Israël et la Palestine. Il est l'un des premiers à plaider cette solution après la Guerre des Six Jours. Reconnu dans le monde entier, il a obtenu de nombreux prix : Prix Primo Levi, Prix Kafka, Prix international de Littérature, etc. Cet homme de paix et de littérature a écrit son amour des livres dans  "Une histoire d'amour et de ténèbres" : Les livres… Il y en avaient des milliers dans tous les coins de la maison. On aurait dit que les gens allaient et venaient, naissaient et mouraient, mais que les livres étaient éternels. Enfant, j'espérais devenir un livre quand je serais grand. Pas un écrivain, un livre : les hommes se font tuer comme des fourmis, les écrivains aussi. Mais, un livre, même si on le détruisait méthodiquement, il en subsisterait toujours quelque part un exemplaire qui ressusciterait sur une étagère, au fond d'un rayonnage dans quelque bibliothèque perdue, à Reykjavik ou Vancouver". Je partage le même rêve que cet immense écrivain…