jeudi 4 mai 2017

Dimanche, la liberté

Dans trois jours, le pays va choisir son président. J'ai suivi beaucoup de débats à la télévision, lu pas mal d'articles sur les élections. La politique m'intéresse beaucoup comme toute bonne citoyenne. Voter pour une femme est une victoire "récente" qui ne date que de 1945... Je ne vais pas me priver de ce droit fondamental... Je suis devenue bibliothécaire en 1985 et pendant toute ma carrière, j'ai travaillé pour le partage de la culture, du savoir, de la connaissance. La littérature se définit par l'art de la nuance, la présence du doute, le respect de tous les mondes possibles. A une époque, tous les professionnels des bibliothèques redoutaient avec terreur les mairies atteintes par le syndrome FN car nous savions que leur censure écarterait des rayons, certains livres sur l'homosexualité, la parentalité différente, etc. A l'époque, les professionnels du livre avaient même créé une association défensive. Heureusement, je n'ai pas dû affronter ces élus liberticides. Je crains les extrêmes, tous les extrêmes de gauche comme de droite. J'ai écouté hier le seul candidat qui me rassure, loin des mensonges et des maquillages historiques de son adversaire redoutable. J'ai apprécié l'anecdote pourtant courte dans son discours sur Paul Ricoeur, qui, agressé par un étudiant, lui a répondu que son autorité professorale était légitimée parce qu'il avait lu. La lecture atténue l'ignorance, éloigne peut-être le malheur de la bêtise. Mon besoin de réfléchir, de me faire une opinion sur tel ou tel événement, basé sur la vérité correspond à un souci de mesure, de tempérance et de recul. La dame funeste du FN ne semble pas du tout apprécier les journalistes, les artistes, les intellectuels qu'elle condamne avec un mépris sans précédent. Le peuple serait-il hors de la sphère culturelle ? La République qu'elle s'approprie ne ressemble en rien à ses idées mortifères. Quelle hold-up scandaleux ! Dans son entourage, je n'ai aperçu aucun écrivain, aucun artiste, aucun philosophe. Le débat d'hier a montré son incompétence, ses outrances, ses aboiements indécents. Alors dimanche, j'irai voter pour la liberté des femmes, pour la tranquillité des homosexuels et des immigrés, pour le respect de toutes les cultures, pour l'amour des livres, pour la culture, clé de la bonne, belle et harmonieuse vie comme le disent les Grecs anciens. Il faut choisir définitivement la liberté et les valeurs de la République ! J'avais envie d'exprimer mon choix et malgré une crainte pour l'avenir du pays avec tous ces millions de compatriotes, tentés par les extrêmes, j'espère que, dès lundi, notre pays restera rivé à l'Europe, le seul espace où l'on respire à pleins poumons les plus belles valeurs de la civilisation occidentale.